Le Pen : l’autre ennemie des travailleurs20/04/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/04/2803.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le Pen : l’autre ennemie des travailleurs

Parmi les millions de votes pour Marine Le Pen, il y a un nombre important de votes de travailleurs. La responsabilité politique en revient d’abord aux partis de gauche, le PS et le PCF, qui pendant des dizaines d’années ont trompé et trahi les espoirs de leurs électeurs et de leurs militants.

Ces partis les ont démoralisés et désorientés au point que cette femme d’extrême droite peut aujourd’hui réussir à faire croire à certains qu’elle est du côté des ouvriers.

Le Pen a un discours « social », prétendent certains. Elle parle de l’augmentation nécessaire des salaires, par exemple. Les prix augmentent tant qu’il lui est impossible de ne pas en parler. La hausse des salaires qu’elle suggère, non seulement resterait au bon vouloir des patrons, mais serait en échange d’une exonération des cotisations sociales de ceux-ci. Il s’agit donc d’une arnaque pour les salariés qui perdraient d’un côté ce qu’ils gagneraient de l’autre. De plus, elle ne rattraperait pas les hausses de prix passées et n’empêcherait pas ensuite les prix de continuer à augmenter.

En réalité, Le Pen n’a pas plus de programme social que Macron. Même ce dernier, qui a démoli le niveau de vie et le pouvoir d’achat des ouvriers pendant son quinquennat, « fait du social » à quelques jours du vote. À la différence du sortant, Le Pen n’a jamais gouverné. Elle a même été ostracisée par les autres partis. Et cela lui donne une figure d’opposante. Mais l’ennemi de leur ennemi n’est pas pour autant l’ami des travailleurs.

Le Pen veut s’attaquer aux immigrés et préparer un pouvoir dur contre les travailleurs. Ces deux objectifs sont liés. En faisant des étrangers des boucs émissaires, elle vise à diviser le monde du travail. Avec la « priorité nationale » qu’elle veut introduire dans la Constitution, elle prétend donner la préférence à ceux qui ont la nationalité française pour l’obtention de logements sociaux et d’emplois dans la fonction publique. Cela ne créerait pas le moindre logement social, ni le moindre emploi, alors qu’il en manque des millions. Cela n’empêcherait pas le patronat d’écraser les travailleurs, tous les travailleurs, en continuant à licencier et en augmentant les cadences. Cela n’empêcherait pas les hausses de loyers. Par contre, cela aggraverait considérablement les conditions de vie des travailleurs étrangers. Et Marine Le Pen pourrait alors dire à ceux qui ont la nationalité française : « Votre sort ne s’est pas amélioré, il s’est même dégradé… mais réjouissez-vous ! Cela pourrait être bien pire si vous n’étiez pas de nationalité française ! »

La crise économique va s’aggraver considérablement à cause des effets désastreux de la spéculation et des tensions guerrières qui se développent. La guerre économique mondiale sera de plus en plus dure, et ce sont les travailleurs qui vont le payer, qu’ils aient une carte d’identité française ou pas. Dans ce contexte, Marine Le Pen et les courants qu’elle a derrière elle pourraient être utiles au grand patronat pour établir un pouvoir autoritaire contre les travailleurs. Il serait absurde et même suicidaire de penser lutter contre l’ennemi des travailleurs qui est en ce moment au pouvoir en soutenant celle qui remplira peut-être sa fonction demain.

Les travailleurs n’ont pas de bonne solution dans ce second tour de l’élection. Ils ne peuvent que refuser de se laisser berner par l’un ou par l’autre des candidats.

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