Mali : l’armée française a montré l’exemple des exactions13/04/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/04/2802.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Mali : l’armée française a montré l’exemple des exactions

Fin mars, trois cents civils ont été assassinés dans une ville du centre du Mali. L’armée malienne et des mercenaires russes du groupe Wagner sont accusés d’avoir perpétré ces exactions. Les dirigeants français, eux aussi responsables de bien des crimes au Mali, crient au scandale.

L’armée française a mené au Mali des opérations militaires depuis 2013. Loin d’apporter la paix et de lutter contre le terrorisme, elle y a commis tant de crimes et de violences contre la population que celle-ci, fatiguée et en colère contre la domination française et son soutien sans faille aux dictateurs corrompus successifs, a fini par manifester contre la présence de l’ancienne puissance coloniale.

Cette situation a permis, en mai 2021, qu’une junte militaire s’empare du pouvoir. Le nouveau dictateur, Assimi Goïta, et ses soudards n’ont rien à envier à leurs prédécesseurs en termes de corruption et d’oppression des populations. Mais, comme ils se targuent de refuser la tutelle de la France, cela suffit à leur donner un certain crédit dans la population.

Évidemment, ce changement de régime n’a pas mis fin à la présence de groupes djihadistes dans le nord du pays, ni aux violences que commettent les différents groupes armés. La junte militaire en place a fait appel à des mercenaires russes pour, dit-elle, poursuivre la lutte contre les terroristes. C’était d’ailleurs une des raisons de la colère de Paris, qui ne pouvait supporter de voir ce pays considéré comme son pré carré passer sous la tutelle des Russes. Le gouvernement français a donc décidé d’en retirer ses troupes en février 2022. Il a aussi voulu punir la population, en imposant un blocus criminel, qui n’entame pas pour l’instant le soutien de celle-ci à ce nouveau régime militaire.

La population continue a payer le prix fort du chaos dans la région. Le dernier massacre en date, à Moura, le montre. Sous couvert de s’en prendre à des djihadistes, des soldats maliens et des mercenaires russes ont exécuté durant plusieurs jours des centaines de civils, après avoir cadenassé la ville. Mais faire croire que ces crimes sont une exclusivité des mercenaires russes, comme le font les dirigeants français, est un mensonge.

La présence militaire française au Mali, et plus généralement en Afrique, s’est toujours accompagnée d’exactions contre les civils et de massacres. Son soutien aux dictatures a aussi toujours laissé les mains libres aux soldats pour tuer, torturer, violer et piller, quand ce n’était pas directement les officiers français qui apprenaient aux soldats africains comment le faire.

Du Mali à la Centrafrique, en passant par le Rwanda, l’armée française laisse systématiquement une odeur de mort dans son sillage. Que cette odeur attire d’autres mercenaires n’enlève rien à son immense responsabilité dans la situation des populations.

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