Macron : malvenu chez les Ch’tis13/04/20222022Journal/medias/journalarticle/images/2022/04/P3-2_Macron_Le_Pen_antisocial_ok_Lupo.jpg.420x236_q85_box-0%2C74%2C800%2C525_crop_detail.jpg

Leur société

Macron : malvenu chez les Ch’tis

Macron est en train de l’apprendre à ses dépens : gouverner est une chose, se faire élire en est une autre.

Illustration - malvenu chez les Ch’tis

Élu pour remplacer la gauche faillie et la droite usée, grâce au soutien financier et médiatique d’une fraction de la haute bourgeoisie, il l’a servie fidèlement cinq ans durant, multipliant les coups contre les travailleurs, les coupes dans les services publics, les cadeaux au grand patronat. Mais il y a ajouté sa touche toute personnelle de mépris social, ses réflexions sur les gens qui ne sont rien, les analphabètes des abattoirs, les chômeurs qui ne traversent même pas la rue, les grévistes excités, son envie d’emmerder ceux qui ont peur de se faire vacciner, etc.

L’élection approchant, Macron a assuré le coup à droite en multipliant les clins d’œil antiouvriers, comme la retraite à 65 ans et l’obligation de travail assortie au RSA. Et il a cru s’en sortir en distribuant quelques aumônes aux pauvres, comme le chèque énergie ou la détaxe partielle du carburant, et quelques promesses. Mal lui en a pris : dans les milieux populaires, ses aumônes ont été, justement, prises comme des insultes ; personne ne peut croire à ses promesses, à commencer par ceux qui y avaient cru il y a cinq ans ; et personne non plus n’a oublié ses injures. Les résultats électoraux sont sans appel : les quartiers et villes populaires vomissent Macron, même s’ils ont plusieurs façons, et des plus confuses, de l’exprimer.

C’en est au point que le ralliement des partis de gouvernement, le chœur médiatique, le soutien du grand patronat et de ses organes de presse, et même le dégoût justifié que soulève Marine Le Pen chez les électeurs de gauche, ne garantissent plus la réélection du sortant. Macron s’est donc senti en devoir d’aller chercher quelques voix à gauche.

Dès le soir du premier tour il a promis que, si on le réélit, rien ne sera plus jamais comme avant. Le lendemain même Macron s’est rendu en personne à Denain, ville du Nord sinistrée par le chômage s’il en est, depuis que les usines sidérurgiques ont été fermées à grands coups de plans de licenciements et de matraques de CRS. Entouré de ses gardes du corps, il a été copieusement apostrophé par des habitants pourtant sélectionnés du seul fait qu’ils avaient accepté d’être fouillés et de s’être déplacés pour lui parler. Tous ont dit leur opposition à la retraite à 65 ans, mesure qui cristallise tout le ressentiment social à l’encontre du président des riches.

Le soir venu, Macron a donc fini par lâcher que, finalement, fixer l’âge à 64 ans lui paraissait admissible dans un premier temps et que son successeur, dans cinq ans, aviserait. Et d’ajouter que, puisqu’il entend rassembler, il faut bien bouger sur quelque chose.

Cela suffira-t-il à faire remonter sa cote dans les classes populaires ? C’est peu probable. À force de prendre les travailleurs pour des gobe-mouches, cela se voit comme une retenue sur salaire au milieu d’une feuille de paye.

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