Dans les entreprises

Disneyland a 30 ans : la queue du Mickey pour les actionnaires

Mardi 12 avril, Disneyland Paris a fêté le trentième anniversaire de son installation à Marne-la-Vallée, une « collaboration public-privé inédite » s’est félicité le journal patronal L’Usine Nouvelle.

Comme pour toute collaboration de ce genre, il s’agit d’abord et avant tout d’investissements publics et de profits privés. Ainsi, en 1987 pour le premier parc comme en 1999 pour le second, les gouvernements ont multiplié les cadeaux : prêts de plusieurs milliards de francs à taux réduits, investissements de près de 700 millions d’euros pour la création de trois gares, deux de RER, une autre de TGV, une liaison Eurostar, un boulevard circulaire, un échangeur autoroutier, sans compter les dizaines de millions d’euros consacrés au développement de la zone urbaine autour du site.

Tout cela n’a pas empêché Disneyland Paris d’annoncer des déficits pendant des années. Ces déficits opportuns permettaient à l’entreprise de ne pas payer d’impôts et de toucher des dizaines de millions d’euros de crédit d’impôt compétitivité emploi quand ce dispositif est entré en application, tout en versant, grâce à une structure financière complexe, des centaines de millions d’euros de royalties et d’intérêts à la maison mère, la TWDC (The Walt Disney Company). Ces déficits, fabriqués sur mesure et qui servaient aussi de prétexte pour faire pression sur les salaires des 16 000 travailleurs exploités sur le site, n’ont donc jamais réellement mis en danger la pérennité des installations.

Aujourd’hui, Disney compte non seulement deux parcs, une zone de divertissement, sept hôtels, deux centres de congrès, un golf, mais assure aussi la gestion du foncier de toute l’agglomération Val-d’Europe, une surface de 2 230 hectares aujourd’hui seulement à moitié urbanisée. Cette maîtrise de l’espace autour des parcs était inscrite dans la convention signée en 1987 avec l’État. Un établissement public d’aménagement, Epafrance, exproprie les agriculteurs encore présents, cède les terrains à Disney, qui les utilise ou les revend à des entreprises attirées par les infrastructures financées par l’État et par des taxes locales avantageuses.

Disney n’est donc pas près de laisser tomber cette mine d’or. En 2018, l’entreprise a annoncé l’extension de ses parcs et de nouveaux investissements de deux milliards d’euros d’ici 2025. Pendant le Covid, elle a pourtant fait supporter la fermeture aux travailleurs, en en licenciant un millier. Les nouvelles activités annoncées, associées à l’exploitation du foncier de l’agglomération, promettent de copieux bénéfices. Pour les actionnaires, c’est bien un véritable conte de fées.

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