élection présidentielle 2022

Nathalie Arthaud : "La lutte de classe est notre boussole"

Dans ce nouveau contexte, quand on entend les candidats de gauche égrener leurs belles promesses et même parler de « jours heureux », sans alerter le monde du travail, quand on entend Jean-Luc Mélenchon affirmer qu’en votant pour lui nous sauverons nos retraites sans avoir à manifester et à nous battre, il y a de quoi être en colère car ils désarment ceux qui les écoutent.

Même si un miracle électoral survenait et que Mélenchon arrive au pouvoir, il ne pourrait rien faire contre le grand patronat et contre les financiers, sans la force sociale que représentent les travailleurs quand ils se battent.

Aucun homme, seul, qu’il soit locataire de l’Élysée, de la Maison-Blanche ou à la tête de je ne sais quel gouvernement, ne peut incarner le rapport de force avec la grande bourgeoisie et se faire craindre d’elle. Seul le monde du travail mobilisé par millions et conscient de sa force peut le faire.

Les travailleurs n’ont pas besoin de marchands d’illusions, ils ont besoin de lucidité. Alors il faut dire aux nôtres, à l’opposé de tous ceux qui posent en sauveurs suprêmes, que nous, travailleuses et travailleurs avons la force de changer notre sort nous-mêmes.

Notre force est collective, elle vient de ce que nous produisons toutes les richesses, tous les profits et tous les capitaux que la bourgeoisie accapare. Notre force est que nous faisons tourner toute la société.

S’il y avait demain un nouveau variant du Covid, un variant sélectif ne s’attaquant qu’aux grands actionnaires parasites et les forçant à se confiner, la société continuerait de tourner sans eux, sans leur spéculation et leurs coups tordus, et elle tournerait mieux !

Résumer notre pouvoir au vote, c’est renoncer à utiliser la force collective et sociale de la classe ouvrière. C’est remettre notre sort entre les mains des institutions de l’État. C’est remettre notre sort à la grande bourgeoisie qui domine tout l’édifice. Et ne pas préparer les travailleurs au combat revient de fait à les livrer pieds et poings liés à leur ennemi ! Le capitalisme, c’est la lutte de classe. Et la lutte de classe demain sera plus féroce encore.

Le grand patronat sait mener ce combat. Il a son armada de chefs et de sous-chefs, son armada de politiciens aussi qui sont toujours là pour justifier ses décisions. Pour se protéger, les travailleurs ne peuvent compter que sur eux-mêmes, sur leur conscience, sur leur mobilisation et sur leur détermination. Le simple fait d’entendre des politiciens dire que tout cela n’est pas nécessaire et même dangereux est à l’opposé de leurs intérêts.

La lutte de classe dans les entreprises doit être notre boussole politique. Il n’y a pas de juste milieu : le capitalisme, ou bien on le combat jusqu’à sa destruction ou on finit par s’y intégrer et devenir un de ses rouages.

C’est ce qui mène Mélenchon à se réjouir que Dassault vende des avions Rafale… Ce qui conduit Roussel et Hidalgo à être solidaires des efforts diplomatiques de Macron ! Et c’est ce qui convertit Jadot l’écologiste au vert kaki de l’uniforme militaire et au réarmement.

Alors la question n’est pas quel président sortira du chapeau. La question est de savoir si les travailleurs réussiront ou non à s’organiser pour défendre leur droit à l’existence.

La perspective que je défends est celle de l’organisation des travailleurs. Ma candidature est un appel à la conscience et à la mobilisation ! Je ne me présente pas pour dire qu’au pouvoir je ferai mieux que Macron. Je me présente pour dire que les travailleurs doivent viser le renversement de la bourgeoisie et de son État. Ils doivent viser l’instauration de leur propre pouvoir. Pas seulement pour assurer la retraite à 60 ans ou un meilleur salaire, mais pour changer toute la société !

Notre programme, un programme de lutte

Alors, même si nous nous sentons dépassés par l’ampleur de la tâche, si nous nous sentons désarmés et impuissants face à la guerre et à ses conséquences, la première étape est de nous donner une politique et un parti capables de rassembler le monde du travail autour de l’idée qu’ils doivent se préparer à se battre. C’est de nous munir d’un programme de lutte pour protéger nos conditions d’existence.

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2 000 euros de salaire net, c’est un minimum pour ne pas avoir à compter chaque euro et pour ne pas vivre dans l’angoisse que sa voiture ne tombe en rade ou que l’on ait un pépin de santé.

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Face au retour de l’inflation, il faut remettre en avant une revendication forte du mouvement ouvrier : l’échelle mobile des salaires. Il faut indexer les salaires, les pensions et les allocations sur les prix, mois après mois, semaine après semaine si nécessaire. Mais il ne faut pas accepter que les étiquettes valsent sans que notre seul moyen de vivre augmente dans les mêmes proportions.

Tous les chefs d’entreprise ont ce pouvoir de répercuter l’augmentation de leurs charges sur leurs prix, de sorte que leurs bénéfices ne soient pas amputés ; les salariés n’ont pas ce pouvoir-là ; le seul moyen de protéger un peu son pouvoir d’achat, c’est donc l’indexation automatique des salaires sur les prix parce que, dans tous les cas, ce n’est pas aux travailleurs de faire les frais de leur économie délirante !

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Depuis qu’il est à l’Élysée, Macron n’a cessé de faire passer les chômeurs pour des fainéants. Il a réduit leurs allocations, parce qu’il suffirait de traverser la rue pour trouver du travail ! Et il veut maintenant obliger les allocataires du RSA à travailler 15 ou 20 heures par semaine… Tout est fait pour laisser entendre que les chômeurs refusent de travailler. C’est aussi le but des campagnes du patronat prétendant qu’il n’arrive pas à recruter malgré ses propositions d’emplois.

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Alors oui, le monde du travail a une politique à défendre en matière de chômage, c’est de répartir le travail entre tous, c’est d’arracher la baisse du temps de travail de façon à ce qu’il n’y ait plus aucun chômeur.

Il faut travailler moins, et travailler tous !

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