Chantiers de l’Atlantique Saint-Nazaire : un accident grave06/04/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/04/2801.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Chantiers de l’Atlantique Saint-Nazaire : un accident grave

Jeudi 31 mars, un grave accident de travail s’est produit au chantier naval de Saint-Nazaire. Vers 19 h 30, un ouvrier en quart d’après-midi a été violement projeté en l’air à la suite d’une explosion qui s’est produite sous ses pieds.

Ce travailleur, qui se déplaçait sur une allée de circulation, est passé au-dessus d’un regard sous lequel s’était accumulé du gaz provenant d’une canalisation fuyarde. Après avoir été évacué vers l’hôpital en état d’urgence absolue, il a été admis en réanimation. Toujours hospitalisé aujourd’hui, il risque de graves séquelles irréversibles. Les sentiments des travailleurs se partagent entre l’émotion, l’inquiétude, notamment pour l’état de santé du collègue hospitalisé, et la colère. Les travailleurs de son atelier, particulièrement vétuste, s’inquiètent des risques qu’ils ont encourus jusque-là et qui demeurent, malgré le discours rassurant de la direction. Mais il y a aussi de la colère devant l’absence d’investissement dans cet atelier datant des années 1950, que la direction a laissé se délabrer d’une manière particulièrement visible et préoccupante; et de la colère vis-à-vis d’une direction de l’atelier dont la principale préoccupation, dès le lendemain de l’accident, a été de remettre en route la production coûte que coûte.

D’ailleurs, dès le lundi 4 avril, la direction mettait tout en œuvre pour fournir du gaz à cet atelier de découpe au chalumeau. Incapable de remettre en service le réseau de gaz centralisé, tant il est fuyard, la direction a fait installer des cadres mobiles de gaz en plein milieu, à proximité des flammes de chalumeau et des postes de travail. La distribution provisoire du gaz vers les postes de travail a été réalisée avec des flexibles, raccordés au mépris des règles de sécurité en vigueur. Les responsables avaient d’ailleurs du mal à garder leur contenance devant les travailleurs et les délégués qui leur demandaient des comptes sur la sécurité de l’installation provisoire. À leurs pieds, le câble de masse assurant la protection anti-flamme des paniers de bouteilles de gaz traînait sur le sol sans être raccordé.

Les économies d’entretien, qui sont la cause la plus probable de cet accident, ne sont pourtant pas perdues pour tout le monde. Le chantier naval vient en effet d’enregistrer pour l’année 2021 un bénéfice jamais atteint depuis des décennies, proche du montant de la masse salariale des 3 200 embauchés directs des Chantiers de l’Atlantique. Cette profusion d’argent rend particulièrement révoltants les manquements d’une direction qui a choisi consciemment de faire courir des risques aux salariés pour grossir ses résultats.

Le lundi suivant l’accident, tout à son cynisme, la direction s’adressait à l’ensemble du chantier en déclarant : « L’ensemble des vérifications et actions sur les réseaux gaz de l’atelier, nécessaires à sa réouverture, a été réalisé. Une explication complète de la situation a été donnée aux salariés de l’atelier. »

Cette explication désinvolte n’a pas suffi à faire redémarrer la production par les travailleurs de l’atelier où s’est déroulé l’accident.

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