Orpea : cachez ce rapport...30/03/20222022Journal/medias/journalarticle/images/2022/03/P10_lupo_orpea_avec_logo.jpg.420x236_q85_box-0%2C72%2C800%2C522_crop_detail.jpg

Leur société

Orpea : cachez ce rapport...

Le rapport de l’Inspection générale des Finances (IGF) et de celle des Affaires sociales (IGAS) sur Orpea, qui compte près de 230 Ehpad en France, a poussé le gouvernement à porter plainte contre le groupe, pour présomption de détournement de fonds publics.

Illustration - cachez ce rapport...

La ministre déléguée chargée de l’Autonomie a cependant précisé que le rapport ne serait pas rendu public pour « des raisons de confidentialité et de secret des affaires », afin que l’enquête soit faite dans les règles !

Orpea peut être tranquille ; on reste entre soi. Pourtant, entre 2017 et 2020, vingt millions d’euros de crédits publics, théoriquement destinés à l’embauche de soignants, ont disparu de la comptabilité du groupe. Des auxiliaires de vie, embauchées comme « faisant fonction d’aides-soignantes », ont été payées par les dotations publiques, au lieu de l’être sur des fonds privés : un détournement estimé à plus de 50 millions d’euros. Des fournisseurs de produits payés par l’État auraient également accordé à Orpea plus de 18 millions de remises de fin d’année, cadeau de Noël pour les actionnaires du groupe.

Tout cela s’est fait au détriment des résidents et du personnel : des pensionnaires rationnés sur les biscottes et le sucre, obligés de se contenter de repas à 4,20 euros la journée, des soignants épuisés par les cadences, dans l’impossibilité de s’occuper correctement des résidents et angoissés à l’idée de se voir transformés en robots.

Le gouvernement a hâté l’enquête, sans doute pour rejeter toute accusation de négligence et d’indifférence sur un sujet sensible dans cette période électorale. Mais point trop n’en faut. Une instruction s’enlisant dans les méandres des procédures pourra prendre des années, laisser de la marge aux entreprises pour continuer leurs affaires, et donner aux gouvernants le temps de faire oublier l’affaire.

Il a fallu la publication d’un livre sur les pratiques des Ehpad pour que le gouvernement fasse mine de découvrir un scandale dont lui et ses prédécesseurs sont complices. Il voudrait maintenant l’enterrer au plus vite.

Par leurs révélations et leurs mouvements, à plusieurs reprises, les travailleurs des Ehpad avaient alerté l’opinion publique et contribué il y a longtemps à lever le voile sur les pratiques de leurs patrons et actionnaires. Mieux vaut compter sur eux pour continuer à le faire que se fier à des gouvernants surtout pressés de se débarrasser du problème.

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