Macron en campagne : provocation grossière contre les enseignants30/03/20222022Journal/medias/journalarticle/images/2022/03/P6-1_Rassemblement_profs_Paris_-_10_novembre_2020_-_C_LO.jpg.420x236_q85_box-1%2C0%2C799%2C449_crop_detail.jpg

Leur société

Macron en campagne : provocation grossière contre les enseignants

Dans la présentation de son programme, Macron a déclenché une violente charge contre les enseignants. « On va payer mieux ceux qui sont prêts à faire plus d’efforts », a-t-il dit, reprenant sans vergogne les préjugés les plus crasses sur les enseignants fainéants et absents.

Illustration - provocation grossière contre les enseignants

« J’assume plusieurs systèmes de rémunération, car ils ne font pas tous la même chose. Vous avez des enseignants qui pendant le Covid se sont occupés de leurs élèves, et des enseignants qui ont disparu », a aussi déclaré Macron affichant son mépris social. Et d’ajouter : « On propose un pacte aux enseignants : on vous demande de nouvelles missions qu’on est prêt à mieux payer, comme le remplacement des profs absents, ça doit être une obligation, le suivi individualisé des élèves, l’accompagnement sur le temps périscolaire. Pour les enseignants en place, je propose un nouveau contrat. On augmente leur rémunération s’ils sont prêts à changer leur organisation. Toutes les nouvelles embauches sont sur la base de ces nouveaux contrats. »

Tout cela relève du recyclage d’annonces démagogiques déjà faites sous Sarkozy et peu suivies d’effet. Faute d’enseignants de réserve, dans le primaire, en cas d’absence de leur professeur, les élèves sont souvent répartis dans les autres classes déjà surchargées. Dans le secondaire, ils sont souvent livrés à eux-mêmes. Mais obliger un professeur disponible d’une autre matière à en remplacer un autre au pied levé ne peut signifier au mieux qu’une garderie, et surtout un prétexte pour supprimer encore les quelques postes de remplaçants.

Il en va de même des évaluations, que Macron veut mettre en place pour chaque classe et par conséquent pour chaque enseignant. Elles devraient permettre selon lui de séparer le bon grain de l’ivraie, car « on sait bien que dans une école on va avoir un professeur qui va changer les résultats des élèves et un autre non ». Et évidemment, vieille lubie, il promet de donner aux chefs d’établissement et directeurs d’école, qui ont pourtant bien d’autres tâches, de choisir leur personnel et même de « récuser des profils ». Lesquels ? Trop gréviste ? D’une santé trop fragile ?

La seule ficelle de Macron consiste donc à tenter de dresser les parents d’élèves contre les enseignants, en faisant de ces derniers des boucs émissaires. Cela peut être payant électoralement, pour attirer des électeurs anti-fonctionnaires de Pécresse et Zemmour, mais cela mérite un zéro pointé quant à améliorer la prise en charge des élèves.

Si jamais les intentions survivent à la démagogie de la période électorale, Macron devra encore vaincre la résistance des enseignants pour les mettre en application. Ils n’ont nul besoin de carotte ou de bâton pour enseigner, mais veulent, comme tous les travailleurs, avoir un salaire digne pour avoir une existence digne et exercer leur métier dans des conditions décentes. Pour l’obtenir, il leur faudra se battre avec l’ensemble du monde du travail.

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