Leur société

Présidentielle : concurrence guerrière à TF1

Lors de l’émission organisée pour les huit candidats à l’élection présidentielle sélectionnés par TF1 lundi 14 mars, on a pu constater le profond accord entre les prétendants, ceux qui les invitent et ceux qui commentent les débats.

Tout d’abord personne n’a contesté l’intitulé de l’émission, « La France face à la guerre ». Pourtant la question de la guerre se pose différemment pour les actionnaires de Total, de Dassault et de la Société générale, ou pour les familles populaires à qui on demande de se préparer aux sacrifices. Tous les candidats, au-delà des différences superficielles, ont bien pris soin de masquer cette différence au nom d’un prétendu intérêt national dans lequel seraient confondus les profits du milliardaire et le salaire du travailleur, voire, un jour, le pactole du marchand de canons et la misère du soldat.

Sur cette base commune, Pécresse, Macron, Le Pen, Mélenchon et Zemmour ont joué la partition du politique responsable guidant son peuple dans un monde difficile et lui évitant, aujourd’hui, la guerre avec la Russie. Pour demain, tous promettent une augmentation du budget militaire. Macron a ouvert de dix milliards durant son mandat, Le Pen a relancé de dix, Pécresse de quinze, Zemmour surblindé de vingt et d’un deuxième porte-avions. Mélenchon garde en réserve sa carte maîtresse, la dissuasion par l’espace, plus efficace encore dit-il que la dissuasion nucléaire. Quel avenir !

Jadot et Hidalgo avaient préféré pour cette soirée endosser l’habit du farouche combattant de la démocratie prêt à se battre jusqu’à la mort du dernier franc-tireur ukrainien. Ils n’ont pas eu de mots assez durs envers Poutine, ni assez de références historiques pompeuses, de déclamations martiales. Ils visaient en fait Mélenchon, à qui ils tentent de reprendre quelques voix en l’accusant de faiblesse envers un dictateur. C’est évidemment lamentable au regard de la situation, et de plus ridicule car chacun des huit, une fois porté au pouvoir ou lorsqu’il y est passé, traitera ou a traité, commercé, négocié avec tous les dictateurs de cette planète. La France, la leur, celle des marchands de canons et des banquiers n’est-elle pas au mieux avec l’Arabie saoudite qui a récemment fait exécuter 81 prisonniers.

Le huitième candidat, Fabien Roussel, tout communiste qu’il se dise, s’est aussi fait le chantre de l’intérêt national et de la voix de la France toutes classes confondues. Il s’est par ailleurs contenté de demander une fois de plus l’intervention de l’ONU pour réconcilier les peuples. C’est au mieux parler pour ne rien dire, au pire vouloir laisser faire les puissants dont l’ONU n’est que le paravent.

La guerre est une conséquence de la course au profit, de la concurrence, des barrières étatiques, de l’impasse économique du capitalisme. On ne peut en venir à bout sans renverser le système qui l’engendre. C’est ce qu’avaient entrepris, après trois ans de guerre mondiale, les soldats et les ouvriers entrant en révolution à partir de 1917, en Russie puis dans toute l’Europe.

Quatre candidats sur douze n’étaient pas invités à cette émission sur décision souveraine de la direction de TF1. C’était le cas de Nathalie Arthaud qui, à la différence de cet aréopage, aurait pu rappeler ces vérités et proposer la perspective d’un monde sans guerre car sans capitalistes et sans frontières.

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