la guerre en ukraine

OTAN : une intervention bien réelle

Les dirigeants occidentaux le martèlent : « L’OTAN n’est pas en guerre contre la Russie ». Ils multiplient les précautions pour éviter une guerre frontale avec celle-ci, après avoir soutenu les Ukrainiens les plus nationalistes et tout en livrant massivement des armes à l’Ukraine.

Depuis 2014, les États-Unis ont alloué quelque 2,7 milliards de dollars d’aide à l’armée ukrainienne. Outre les armes destinées à alimenter la guerre meurtrière du Donbass, ils ont envoyé des instructeurs pour former et encadrer les milices ultranationalistes, hostiles aux russophones ukrainiens. Les États-Unis et l’OTAN ont ainsi reconstitué, modernisé et équipé une armée ukrainienne en guerre depuis huit ans avec les séparatistes pro-russes. Cette politique ne pouvait qu’être interprétée comme une menace directe par le régime de Poutine.

Depuis l’invasion russe du 24 février, une nouvelle enveloppe de 350 millions de dollars a immédiatement été attribuée par le département américain de la Défense. Des convois de munitions, de drones, de missiles antichars ou antiaériens ne cessent d’arriver en Ukraine par la Pologne ou la Roumanie, tandis que des instructeurs étrangers continuent de former les recrues ukrainiennes. Ce sont ces armes et ces troupes que visait l’armée russe en bombardant le 13 mars une base militaire proche de la frontière polonaise. Si la presse s’est indignée de cette destruction, agitant la menace, à ce jour purement propagandiste, d’une extension de la guerre à la Pologne, les dirigeants occidentaux sont restés muets sur le nombre de leurs mercenaires tués.

En effet, ces dirigeants, dont toute la politique depuis au moins dix ans, a consisté à provoquer Poutine par Ukraine interposée, ne veulent pas être entraînés dans une guerre frontale face à la Russie. C’est aussi la raison pour laquelle les dirigeants américains se sont opposés à la livraison par la Pologne des avions Mig réclamés par Zelensky car utilisables sans formation par les pilotes ukrainiens. Les Ukrainiens poussés dans une arène sanglante sont ainsi utilisés par les dirigeants occidentaux. Quand ils les encouragent à se battre, saluent leur courage et les montrent en exemple, ils tentent aussi de préparer leurs propres peuples à faire un jour la guerre.

La prudence des dirigeants américains ne tient pas à un sens des responsabilités qui leur commanderait de tout faire pour éviter une nouvelle guerre mondiale ou une guerre nucléaire. De Hiroshima à Bagdad, du Vietnam à l’Afghanistan, ils ont montré maintes fois, dans un passé lointain ou récent, leur mépris des populations et leur irresponsabilité quant à l’usage d’armes de destruction massive. Leur prudence résulte de leurs objectifs actuels : il s’agit d’abord pour eux d’affaiblir la Russie de Poutine, de réaffirmer leur suprématie sur leurs alliés européens, de tester et vendre des armes, de renforcer la domination de leurs trusts pétroliers, gaziers, céréaliers ou ceux du complexe militaro-industriel.

Pourtant, si la prochaine guerre mondiale n’est pas enclenchée, elle est inscrite dans les gènes du capitalisme. Sur le terrain militaire comme sur celui de l’embrigadement moral des populations, la guerre en Ukraine sert déjà de répétition générale.

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