Le nationalisme ukrainien renforcé16/03/20222022Journal/medias/journalarticle/images/2022/03/P5-2_En_2014_un_stand_dun_parti_dextreme_droite_sur_le_Maidan_a_Kiev_C_LO.JPG.420x236_q85_box-0%2C46%2C900%2C553_crop_detail.jpg

la guerre en ukraine

Le nationalisme ukrainien renforcé

Alors que la guerre s’intensifie et que les troupes russes continuent leur progression. le porte-parole du Kremlin a déclaré lundi 14 mars : « Le ministère de la Défense, pour assurer la sécurité maximale des populations civiles, n’exclut pas la possibilité de prendre le contrôle total des grandes villes qui sont déjà encerclées. » En fait de « sécurité », les bombardements continuent.

Illustration - Le nationalisme ukrainien renforcé

D’après l’ONU, on approche désormais de trois millions de réfugiés hors du pays, auxquels il faut ajouter au moins deux millions de déplacés à l’intérieur de ses frontières. À proximité des combats, des milliers de personnes dorment dans les gares en attendant un train. Dans les quartiers assiégés et bombardés, on manque d’électricité, d’eau et de gaz, il n’y a plus de chauffage alors que les températures sont encore hivernales. La nourriture manque, notamment pour les enfants. Beaucoup de gens se retrouvent piégés, une femme le disait à une journaliste : « Même partir cela fait peur ! » Car comment partir, et où aller ?

Côté russe, la propagande prétend donc que la Russie n’attaque pas mais défend les Ukrainiens contre leur propre gouvernement et les milices d’extrême droite, insistant sur le fait que la guerre dure dans le Donbass depuis huit ans. Les médias russes relaient en boucle un bombardement ukrainien sur Donetsk qui a fait plus de vingt morts en pleine rue. Ils vantent l’ouverture de couloirs humanitaires vers l’est.

Mais le problème auquel sera confrontée l’armée russe sera de plus en plus celui du contrôle des zones conquises. Le moral des soldats russes ne peut qu’être ébranlé par l’hostilité ouverte que leur manifeste une partie de la population. Près de Kiev, des panneaux s’adressent à eux en russe car la langue des belligérants est la même de part et d’autre. « Soldat russe, arrête-toi ! Comment pouvez-vous regarder vos enfants dans les yeux ? Ne prenez pas une vie au nom de Poutine ! »

En terrain conquis, l’armée russe doit s’assurer le concours des autorités ou en installer des nouvelles. Les 11 et 13 mars, elle a ainsi carrément kidnappé les maires de Melitopol et de Dniproroudné. Une politicienne locale prorusse en a pris la place à Melitopol, au nom d’un prétendu « comité d’élus du peuple », dénonçant les manifestations de centaines de personnes qui appelaient à libérer le maire. Le résultat de l’occupation est sans doute de souder une partie de la population derrière ses dirigeants, quoi qu’elle ait pu penser d’eux auparavant.

Le fait est que, avant le début de la guerre, Zelensky et son gouvernement étaient apparus impuissants contre la corruption endémique, incapables de résoudre le conflit dans le Donbass et de s’attaquer à la misère et aux inégalités criantes. Sa popularité était largement érodée. Mais, au lieu de faire tomber son gouvernement comme l’espérait peut-être Poutine, la guerre lui a donné de nouvelles armes sur le terrain du nationalisme.

Le bombardement des villes de Kharkiv, Tchernihiv, Marioupol et d’autres, celui de quartiers d’habitation notamment, a ouvert sans surprise un boulevard aux va-t-en-guerre antirusses, qui auparavant n’avaient pas réussi à entraîner massivement la population derrière eux. Kherson, l’un des ports de la mer Noire visés par l’armée russe, a été le premier à tomber. Depuis lors, des manifestations pro-ukrainiennes y ont lieu, des milliers de personnes invectivant les troupes russes sur la place centrale. Comme le dit un témoin à un journaliste : « Dès que la guerre a commencé, même ceux qui ressentaient une certaine affection pour la Russie sont passés à l’agressivité pure. »

Côté ukrainien, seuls peuvent se réjouir ceux qui se considèrent comme en guerre permanente avec la Russie, au moins depuis 2014 et les combats contre les séparatistes du Donbass. Telles ces « fondations privées » évoquées par le journal Le Monde, animées par des nationalistes ukrainiens qui récoltent des fonds pour armer les combattants. Dans son enthousiasme, le journaliste va jusqu’à parler de fondation « caritative » ! L’un des responsables interviewés, lui, répète à l’envi sur les réseaux sociaux que les Russes doivent souffrir, et qu’il faut établir un gouvernement purement ukrainien sans aucun Russe. De la part de ces gens-là, la guerre est une opportunité, et leur langage militaire est le pendant de la propagande russe.

Tous ceux qui veulent ainsi élargir encore le fossé de sang que la guerre a déjà creusé sont des ennemis de leur propre peuple. Ils ne rêvent que de l’asservir eux-mêmes sur la petite portion de territoire où ils revendiquent le pouvoir. Les capitalistes et les dirigeants occidentaux qui, de manière intéressée, arment actuellement le camp ukrainien, jettent de l’huile sur un feu que la politique criminelle de Poutine contribue à alimenter.

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