Mali : l’embargo affame les populations pauvres09/03/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/03/2797.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Mali : l’embargo affame les populations pauvres

Cet article est l’éditorial du mensuel Le pouvoir aux travailleurs du 20 février, édité par l’Union africaine des travailleurs communistes internationalistes (UATCI – UCI)

Les conséquences de l’embargo qui frappe le Mali depuis le 9 janvier dernier sont catastrophiques pour la plus grande partie de la population. Comme il fallait s’y attendre, la flambée des prix qui a démarré bien avant l’embargo s’est amplifiée. Même la viande de bœuf, dont le Mali est pourtant un important producteur, est devenue un aliment de luxe que les petites gens ne peuvent plus se payer. Les grossistes profitent de cette situation pour stocker des produits comme le riz et les écouler au compte-gouttes afin d’augmenter leurs marges.

Officiellement l’embargo ne concerne pas les produits de première nécessité, mais de nombreux camionneurs transportant du riz en provenance du port d’Abidjan sont bloqués à la frontière ivoiro-malienne. Et puis, contrairement à ce qu’ont prétendu les dirigeants de la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) tous unis derrière Macron, l’embargo qu’ils ont décidé n’est pas destiné à punir la junte et à la contraindre à organiser des élections plus rapidement, mais à affamer la population malienne en espérant qu’elle finisse par se révolter contre le pouvoir.

En agissant ainsi, Macron et ses alliés de la CEDEAO ont au contraire permis aux galonnés de Bamako de se poser comme des défenseurs de la population malienne face à ceux qui voudraient les affamer et d’imposer leur diktat. C’est ainsi que la junte malienne a mobilisé les moyens de l’État pour propager son discours nationaliste anti-français et anti-Cédéao. Elle a organisé des défilés populaires à Bamako et dans les principales villes du pays dans lesquelles des milliers de gens soigneusement encadrés sont sortis dans la rue pour soutenir sa politique.

La récente décision de Macron de fermer les bases militaires françaises de Gossi, Ménaka et Gao dans un délai de quatre à six mois, alors qu’Assimi Goïta exige un retrait « sans délai et sous la supervision des autorités maliennes », a de nouveau provoqué de nouvelles manifestations anti-Macron à Bamako.

Les troupes françaises vont certes quitter le Mali, mais elles resteront implantées au Sahel pour continuer de protéger les intérêts de l’impérialisme français dans cette région. Le problème pour les officiers français chargés d’organiser le déménagement du matériel militaire du Mali vers le Niger est qu’ils craignent que le convoi constitué de plusieurs centaines de camions ne soit attaqué par les populations en colère, comme le convoi qui est parti d’Abidjan vers le Mali en novembre dernier. Même si le dictateur nigérien Mohamed Bazoum est complètement favorable à l’accueil de la plus importante base militaire française sur son sol, il n’est pas dit que la population nigérienne soit du même avis.

Cela donnera peut-être des idées à quelques galonnés nigériens du même acabit qu’Assimi Goïta d’en découdre avec le pouvoir de Mohamed Bazoum. Ce qui est sûr, c’est que l’objectif des galonnés comme Goïta n’est nullement de libérer les travailleurs et les paysans pauvres de l’exploitation capitaliste, du pillage impérialiste et de la misère engendrée par ce système. Ils veulent tout simplement avoir leur part de gâteau dans la richesse produite par l’exploitation des travailleurs. Leurs discours nationalistes ne sont rien d’autre que des pièges pour détourner la colère et les aspirations légitimes des classes pauvres vers des impasses.

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