Deliveroo : travail dissimulé, exploitation sans fard09/03/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/03/2797.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Deliveroo : travail dissimulé, exploitation sans fard

Le 8 mars, le procès pour travail dissimulé de la plateforme de livraison de repas Deliveroo et de trois de ses ex-dirigeants s’est ouvert à Paris.

Cela fait suite à une enquête de l’inspection du travail, suivie d’une autre réalisée par les gendarmes, concluant que de 2015 à 2017 les livreurs de Deliveroo, présentés comme des travailleurs indépendants, auraient dû être considérés comme des salariés.

Deliveroo, qui employait à l’époque 2 000 autoentrepreneurs ou prétendus tels selon l’entreprise, a ainsi employé des livreurs sans congés payés, sans couverture santé, sans droits au chômage, et a grugé l’Urssaf de près de 6,5 millions d’euros de cotisations. La justice a d’ailleurs saisi trois millions à titre conservatoire.

Les dirigeants de l’entreprise protestent en disant que, depuis plusieurs années, leurs méthodes ont changé, que les coursiers ne peuvent plus être mis à l’amende en cas de retard, qu’ils peuvent choisir leurs courses, se connecter ou pas, porter la tenue de leur choix, qu’ils bénéficient d’une liberté et d’une flexibilité « conforme à la manière dont ils nous disent qu’ils aiment exercer leur métier » !

Cette « liberté » est celle de s’échiner en multipliant les courses par tous les temps, de risquer l’accident pour tenir les délais – et certains l’ont payé de leur vie –, de subir des cadences et des conditions de travail communes à bien des travailleurs mais sans les quelques protections sociales liées au salariat : tel est le modèle des grandes plateformes de livraison de repas, qui ont d’ailleurs vu leur activité prospérer en 2021, puisque Deliveroo exploite aujourd’hui les services de 15 000 livreurs.

La plateforme compte sur la compréhension de la justice qui a rendu plusieurs décisions en sa faveur et validé son « modèle » dans des procès faisant suite à des plaintes individuelles. Mais une centaine de livreurs se sont constitués partie civile et beaucoup, par leurs mouvements et leur organisation, ont déjà montré ce qu’ils pensent du modèle en question.

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