Ehpad : profits scandaleux sur le grand âge02/03/20222022Journal/medias/journalarticle/images/2022/03/P10-2_Il_y_a_quatre_ans_des_travailleuses_des_Ehpad_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C188%2C400%2C412_crop_detail.jpg

Leur société

Ehpad : profits scandaleux sur le grand âge

Après les scandaleuses révélations au sujet du groupe Orpea, les Ehpad Korian sont sur la sellette, ainsi que ceux de DomusVi. Un nouveau rapport de la Cour des comptes suggère même d’allouer à l’ensemble du secteur un budget plus élevé.

Illustration - profits scandaleux sur le grand âge

Pourtant peu encline à proposer des dépenses supplémentaires à destination de la population, la Cour des comptes s’est prononcée sur les inadmissibles dysfonctionnements dénoncés dans des résidences pour personnes âgées dépendantes. L’institution fait état de l’évidente insuffisance en termes de personnel, soignant et autre, et note l’absence d’un médecin coordonnateur à temps plein dans la moitié des établissements, bien qu’il soit prévu dans les textes de loi. Ces derniers n’effectuent bien souvent que des vacations, quand ce n’est pas, comme cela a été dénoncé dans le livre Les Fossoyeurs, une simple séance de renouvellement d’ordonnances signées sur un coin de bureau.

Dans une partie des 7500 Ehpad, le manque de personnel va bien au-delà. Infirmières, aides-soignantes, agents de service, auxiliaires de vie… tous sont en sous-effectifs. Le taux d’encadrement moyen, tous métiers confondus, est de 6,3 agents pour 10 résidents, allant de 7 dans les établissements publics à 5,2 dans les établissements privés commerciaux. Lors des manifestations, les soignants en colère exigeaient un ratio de un pour un, nécessaire pour assurer un accompagnement normal, et les soins médicaux quotidiens, dans le respect de la personne âgée mais aussi des employés.

On ne peut qu’être choqué des économies systématiques inventées par les dirigeants de Korian ou d’Orpea. On apprend, entre autres, que Korian vise une dépense journalière maximum de 4,35 euros par pensionnaire pour cinq repas et collations, qu’Orpea impose trois protections maximum par jour pour les résidents incontinents, ou que tel gestionnaire a fait supprimer les croûtons d’une soupe à l’oignon pour respecter le budget. C’est à la fois significatif et anecdotique car la recherche de profit jusque dans les moindre détails, aux dépens des 600 000 résidents et du personnel qui les encadre et les soigne, va bien au-delà.

Les dénonciations d’anciens médecins, directeurs, infirmiers, aides-soignants, etc., ayant travaillé pour Orpea ouvrent une fenêtre sur les méthodes, soigneusement pensées et appliquées qui permettraient au groupe de s’enrichir en économisant sur les dotations d’argent public, et en mettant en place avec leurs fournisseurs des remises de fin d’année, des rétrocommissions, allant jusqu’à des taux exorbitants de 29 %. C’est ainsi que les profits des deux leaders du secteur de « l’or gris » signifieraient une rentabilité de près de 20 %.

Mais, dans un domaine où la transparence totale devrait s’imposer, les contrôles des autorités de tutelle, telles que les agences régionales de santé, sont non seulement dûment annoncés à la direction de l’établissement, mais n’ont lieu en moyenne que tous les vingt ou trente ans ! Comment s’étonner alors que les capitalistes y investissent de plus en plus, les profits les plus scandaleux semblant assurés ?

La question du grand âge et de l’aide de la société aux plus anciens en perte d’autonomie est une question capitale. Ce ne sont pas les maigres avancées budgétaires proposées par la Cour des comptes qui changeront la vie des résidents des Ehpad et celle du personnel. Il faudra l’embauche des 200 000 personnes nécessaires dans l’immédiat. Il faudra aussi et surtout une rupture avec la logique du profit imposée dans le moindre domaine. C’est elle qu’il faut mettre au rencard, pas les vieux !

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