Nigeria : impérialisme, misère et pollution23/02/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/02/2795.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Nigeria : impérialisme, misère et pollution

Le 3 février, une explosion détruisait une plateforme de stockage de pétrole offshore au large du Nigeria. La compagnie pétrolière propriétaire de cette plateforme n’en a pas dévoilé les causes. Mais il est indéniable qu’une nouvelle fois, la population est victime des grandes compagnies pétrolières qui dévastent depuis des décennies le delta du Niger.

Même si on ne connaît pas la cause immédiate de cette explosion, le fait que cette plateforme soit en fait un vieux pétrolier en fin de vie, recyclé, montre les risques que ces compagnies créent afin d’accroître leurs profits. Cela dure depuis soixante ans et a abouti à une véritable catastrophe aussi bien pour les habitants que pour la faune et la flore de cette région.

Le Nigeria est le premier producteur de pétrole d’Afrique. En 2021, malgré la crise sanitaire, il continuait à exporter 1,9 million de barils chaque jour. Mais le pétrole et le gaz présents dans ce pays enrichissent les grandes compagnies américaines ou européennes qui, jusqu’à peu, possédaient tout, les champs d’extractions, les puits de pétrole et les oléoducs permettant de l’exporter. Après avoir dévasté le delta du Niger par des pollutions incessantes, les grandes compagnies ont commencé à revendre des installations qu’elles n’entretenaient pas. Ces puits, oléoducs et autres, continuent à nuire.

Le 5 novembre dernier, un de ces puits de pétrole mal entretenus s’est mis à fuir, déversant l’équivalent de deux millions de barils dans les rivières et les mangroves. Il a fallu trente-deux jours pour stopper cette fuite. Les villages à proximité furent envahis par des gaz toxiques. Des enfants sont morts foudroyés dans la rue sans que quiconque explique aux parents ces morts brutales. Les poissons et les crustacés ont disparu ou sont devenus impropres à la consommation. Toute une population de pêcheurs s’est retrouvée sans ressources. Malgré les protestations, la zone n’a pas été évacuée et les habitants n’ont pas été indemnisés. La société nigériane Aiteo, qui possède ce puits depuis 2015, année où elle l’a racheté à Shell, Total et ENI, nie toute responsabilité et parle de terrorisme. Et l’État protège cette société contre les populations comme il l’a toujours fait.

En 1995 déjà, le pouvoir nigérian faisait pendre l’écrivain et militant Ken Saro-Wiwa qui dénonçait ces crimes commis pour les profits des capitalistes du pétrole, Shell, Chevron, Total. En dévastant toute une région, les grands groupes pétroliers ont réduit à la misère la population locale. Cette pauvreté pousse aujourd’hui des habitants à accepter de travailler pour des truands qui montent des raffineries clandestines. Les conditions de travail y sont épouvantables pour traiter un pétrole brut volé en perçant des trous dans des pipelines, trous qui génèrent une marée noire permanente et des risques d’explosion.

Les grandes entreprises capitalistes du pétrole, si elles revendent les puits, contrôlent toujours complètement le raffinage et la distribution. Elles verrouillent le marché mondial dont dépend complètement le Nigeria. Le pétrole brut représente 90 % des revenus d’exportation du pays et 75 % des revenus de l’État. Pour autant il doit importer la majeure partie du pétrole raffiné consommé dans le pays.

Si les pétroliers ont tiré des millions du Nigeria, la population s’est enfoncée dans la pauvreté. La moitié, soit 90 millions de personnes pour ce grand pays, vit dans l’extrême pauvreté. Tant que l’impérialisme subsiste, les ressources de l’Afrique seront une malédiction pour sa population.

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