Mali : le triste bilan de l’armée française23/02/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/02/2795.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Mali : le triste bilan de l’armée française

Emmanuel Macron a officialisé jeudi 17 février le retrait des troupes françaises du Mali. Il a annoncé dans la foulée qu’après l’abandon des dernières bases dans ce pays, 2500 à 3 000 soldats français resteront déployés dans le Sahel.

Dans un premier temps, les soldats évacués du Mali rejoindront le Niger, où la plus grande partie devraient être positionnés à la frontière entre ce pays et le Mali. Puis le dispositif évoluera, a précisé Macron, afin de pouvoir intervenir dans les pays côtiers : Sénégal, Côte d’Ivoire, Bénin, Togo. Ce sont d’anciennes colonies françaises, des pays que les groupes djihadistes visent aujourd’hui après avoir pris le contrôle d’une partie du Burkina Faso et du Mali, et ceux aussi où les intérêts des entreprises françaises sont les plus importants.

Macron a rendu hommage à son prédécesseur, François Hollande, qui en 2013 avait pris la décision d’envoyer l’armée française au Mali. Il a osé affirmer que depuis cette date l’intervention militaire avait obtenu des résultats considérables. Mais quels sont ces fameux résultats ? Si l’armée française a dans un premier temps chassé les djihadistes des villes de Gao et Tombouctou où ils faisaient régner la terreur, cela a rapidement abouti à leur dispersion dans toutes les régions du Mali, où ils font régner la même terreur sur les habitants. Pire, si l’on peut dire, ces groupes armés ont essaimé dans les pays voisins, comme le Burkina Faso, où un million et demi d’habitants ont aujourd’hui été chassés de chez eux.

Si l’armée française a été incapable d’éradiquer le djihadisme, elle a par contre parfaitement réussi à maintenir des régimes corrompus à la tête des pays où elle intervenait. Au Mali, ce fut celui d’Ibrahim Boubacar Keita, ironiquement surnommé « Ma famille d’abord » pour son aptitude à piller les ressources du pays en faveur de son clan. Au Burkina, ce fut celui de Roch Marc Christian Kaboré. Ces régimes non seulement n’ont pas assuré la protection de la population, mais ont attisé les haines inter-communautaires en suscitant des milices surtout occupées à régler leurs comptes.

Finalement, ces régimes furent remplacés par des juntes militaires, au Mali comme au Burkina, s’appuyant sur l’hostilité de la population envers leurs dirigeants corrompus, mais aussi envers l’armée française. Ces militaires au pouvoir sont les chefs de la soldatesque qui terrorise les villages tout autant que les djihadistes, mais ils y ont gagné une popularité inédite.

Malgré ce triste bilan, l’armée française va donc rester au Sahel, comme elle est présente dans d’autres pays africains. Elle n’a jamais cessé de l’être depuis la décolonisation. Ses opérations militaires n’ont jamais visé à protéger les populations : ni au Rwanda en 1994, où elle a protégé les génocidaires, ni dans la guerre civile ivoirienne en 2002, où elle a fait pencher la balance en faveur d’Alassane Ouattara, ni en Libye, en Centrafrique ou au Mali, où son arrivée a juste été le prélude d’un immense chaos. Partout elle a juste tenté, avec plus ou moins de succès, de défendre les intérêts de l’impérialisme français et ceux des autres grandes puissances.

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