Leur société

Luxe : un parasitisme qui défie l’imagination

Les montants des grandes fortunes ont décollé pendant la crise sanitaire et les dépenses de luxe se sont envolées, à un rythme qui a surpris jusqu’aux patrons du secteur.

D’après le PDG de Rolls-Royce, la pandémie aurait enseigné à ses clients la fragilité de l’existence humaine et l’importance d’en profiter tant qu’il en est encore temps. Riches de cette nouvelle sagesse et d’une non moins grande abondance de liquidités, lesdits clients ont assailli les succur­sales de Rolls-­Royce, Bentley, Lamborghini et Ferrari l’an dernier. Les chaînes de production ne parviennent plus à honorer les commandes, pour des véhicules dont les prix démarrent à 200 000 euros.

Quand l’automobile de luxe accélère, le marché des jets privés décolle. Le vice-président d’un des leaders mondiaux du secteur explique que, préoccupés du respect des distanciations sociales, et par le souci d’échapper aux restrictions sur les lignes régulières, les ultra-riches n’ont jamais loué ou acheté autant de jets privés que l’an dernier, malgré des tarifs de 15 000 euros de l’heure et des entrées de gamme à plus 20 millions de dollars.

D’après le patron d’un chantier naval espagnol, d’autres grands bourgeois ont toutefois vraiment mal vécu les mesures de restriction, notamment ceux qui se sont retrouvés enfermés dans leurs villas pendant que certains de leurs congénères se pavanaient au large sur leur yacht. Résultat : la construction de plus de 200 de ces Rolls des mers valant plusieurs centaines de millions d’euros, a été lancée l’an dernier, faisant de 2021 la meilleure année depuis douze ans pour le secteur.

Ceux qui craignent le mal de mer pourront toujours se rabattre sur le tourisme spatial, puisque le premier d’entre eux a déboursé en juillet 3,3 millions de dollars pour 4 minutes en apesanteur et que le premier module hôtelier spatial, prévu pour être raccordé dans deux ans à la station spatiale internationale, est désormais en cours de construction.

Question parasitisme et délire mégalomaniaque, la monarchie française et la noblesse de Versailles ont trouvé de bien dignes successeurs. Souhaitons-leur le même avenir que leurs prédécesseurs.

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