Leur société

Des candidats devant le Medef : entretiens d’embauche

Six candidats à l’élection présidentielle (Jadot, Roussel, Pécresse, Hidalgo, Le Pen et Zemmour) ont passé un « grand oral » devant 400 grands patrons à Paris. À part Roussel du PCF, tous ont été plus lèche-bottes les uns que les autres.

D’abord, dans la forme. Jadot a dit que « la transition écologique se fera avec les entreprises ou ne se fera pas ». Le Pen a déclaré que ces grands patrons étaient « le poumon de la France ». Et Zemmour leur a carrément avoué : « Je vous admire. » Révélant ses sentiments profonds, en appelant le dirigeant du Medef, Geffroy Roux de Beyzieux, il a même fait un lapsus en le nommant Geoffroy Roux « de beaux yeux » !

Quant aux mesures phares exposées par ces candidats, elles comprenaient toutes des aides publiques aux grandes entreprises. L’écologiste a expliqué qu’il distribuerait des aides… pour soutenir la transition écologique. La candidate de droite qui, traditionnellement, a la faveur du grand patronat, a annoncé qu’elle baisserait encore plus les impôts des entreprises en créant un « comité de la hache » pour simplifier les procédures administratives patronales. Même Roussel, qui a eu l’audace extrême de dénoncer à demi-mots l’évasion fiscale, a tenu à démontrer aux représentants patronaux que les augmentations de salaire qu’il défendait entraîneraient un « choc de l’offre » qui bénéficierait aux capitalistes. Ces derniers le croiront ou non, mais en tout cas lui ne veut pas leur nuire.

Les candidats d’extrême droite ont bien montré que, s’ils étaient élus, ils seraient, comme les autres, de loyaux serviteurs du grand patronat. Marine Le Pen, questionnée sur sa proposition d’augmenter les bas salaires en baissant les cotisations patronales, a assuré aux auditeurs que ça ne leur coûterait rien. Et elle a ajouté que, pour l’État, cela ne serait « que du manque à gagner ». Mais du manque à gagner qui dépouillerait encore les services publics, les hôpitaux, les transports, les services municipaux, l’éducation et ceux qui en ont un besoin vital. Enfin Zemmour, qui ne cesse de s’attaquer aux travailleurs immigrés, a tenu à apaiser les craintes des employeurs en quête de main-d’œuvre sous-payée : « Effectivement, dans certaines activités, je reconnais que les Français ne veulent pas travailler. Mais on restera en Europe, il y aura des Polonais, des Roumains et ça réglera largement la question. » Français ou immigrés, d’Europe, d’Afrique ou d’ailleurs, Zemmour méprise bien tous les travailleurs.

Ces candidats sont concurrents et visent des électorats différents. Mais leur prestation devant le Medef montre bien une chose : ils savent qui sont leurs maîtres.

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