Le poison de la division entre travailleurs, de Marx à nos jours16/02/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/02/2794.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

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Le poison de la division entre travailleurs, de Marx à nos jours

Partagé sur Twitter, un extrait du meeting parisien de Nathalie le 12 février, sur les migrants et leur appartenance au camp des travailleurs, a suscité entre autres commentaires une réponse faisant le parallèle entre ce que Nathalie dit sur les migrants et ce que Marx écrivait en 1870 à propos des prolétaires irlandais et anglais.

À un siècle et demi de distance, les travailleurs sont en effet confrontés aux mêmes tentatives de division et de diversion. On trouve ce texte de Marx, L’Internationale et un pays dépendant, l’Irlande, sur le site Internet marxist.org.

« En raison de la concentration toujours plus grande des exploitations agricoles, l’Irlande fournit sans cesse un excédent de main-d’œuvre au marché du travail anglais et exerce, de la sorte, une pression sur les salaires dans le sens d’une dégradation des conditions matérielles et intellectuelles de la classe ouvrière anglaise.

Ce qui est primordial, c’est que chaque centre industriel et commercial d’Angleterre possède maintenant une classe ouvrière divisée en deux camps hostiles : les prolétaires anglais et les prolétaires irlandais. L’ouvrier anglais moyen déteste l’ouvrier irlandais, en qui il voit un concurrent qui dégrade son nouveau de vie. Par rapport à l’ouvrier irlandais, il se sent membre de la nation dominante et devient ainsi un instrument que les aristocrates et les capitalistes de son pays utilisent contre l’Irlande. Ce faisant, il renforce leur domination sur lui-même. Il se berce de préjugés religieux, sociaux et nationaux, contre les travailleurs irlandais. Il se comporte à peu près comme les Blancs pauvres vis-à-vis des Noirs dans les anciens États esclavagistes des États-Unis. L’Irlandais lui rend avec intérêt la monnaie de sa pièce. Il voit dans l’ouvrier anglais à la fois un complice et un instrument stupide de la domination anglaise en Irlande.

Cet antagonisme est artificiellement entretenu et développé par la presse, le clergé et les revues satiriques, bref par tous les moyens dont disposent les classes dominantes. Cet antagonisme est le secret de l’impuissance de la classe ouvrière anglaise, malgré son organisation. C’est le secret du maintien au pouvoir de la classe capitaliste, et celle-ci en est parfaitement consciente. »

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