Hôpitaux : du mercurochrome sur une plaie béante26/01/20222022Journal/medias/journalarticle/images/2022/01/P6-1_Hospitaliers_-_30_juin_2020_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C0%2C2362%2C1329_crop_detail.jpg

Leur société

Hôpitaux : du mercurochrome sur une plaie béante

« Il y a environ 3 000 postes d’infirmiers vacants en Ile-de-France et 20 % des lits sont fermés à cause de ces absences, c’est énorme », déclarait à la presse le directeur de l’offre de soins de l’ARS de cette région à la mi-janvier. Elle lançait alors une opération coup de poing faite de primes importantes pour attirer des infirmières.

Illustration - du mercurochrome sur une plaie béante

Les conditions de travail se sont tellement dégradées ces dernières années dans les hôpitaux publics que non seulement il leur est difficile de recruter des infirmières sortant juste de formation, mais qu’une partie de celles qui sont en place démissionnent. Elles travaillent alors en intérim, mieux payées et choisissant leur service et la durée de leurs missions. Le gouvernement essaie bien de freiner temporairement ces départs avec les plans Blanc des hôpitaux, qui interdisent provisoirement les démissions, mises en disponibilité ou départs en formation. Mais dès qu’ils seront levés, l’hémorragie de personnel ne pourra que continuer.

L’ARS d’Ile-de-France, s’inscrivant dans la concurrence entre régions pour attirer les infirmiers, propose donc une prime de 4 000 euros pour ceux qui accepteraient de signer un CDD de six mois, même à temps partiel ; elle propose même 7 000 euros pour un CDD de neuf mois. Bien des soignants en place, qui vivent avec des salaires modestes la galère quotidienne des hôpitaux en perdition, vivent cette offre de primes exceptionnelles destinées à d’autres comme une injustice. Tout comme fin décembre l’annonce gouvernementale d’une prime mensuelle de 100 euros pour les infirmiers en réanimation avait laissé un goût amer aux aides-soignants travaillant à leurs côtés et aux hospitaliers des autres services.

Le recours toujours plus important à l’intérim ou aux CDD, outre qu’il nuit à la cohésion des équipes soignantes, crée en miroir une vaste catégorie de travailleurs hospitaliers nettement moins choyés. Par ailleurs, chaque infirmière attirée en Ile-de-France par ces primes manquera dans une autre région, dans un autre hôpital.

Ces annonces de primes exceptionnelles à grand renfort de publicité sont de la part des autorités des gesticulations de plus. Elles n’ont en réalité aucune solution pour sortir le système hospitalier de l’impasse complète dans laquelle les politiques de restrictions budgétaires l’ont enfoncé.

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