Grande-Bretagne : Johnson touché mais pas coulé26/01/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/01/2791.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Grande-Bretagne : Johnson touché mais pas coulé

L’année 2022 a mal commencé pour Boris Johnson, avec les révélations montrant qu’en 2020 et 2021, en plein confinement, des soirées nombreuses et bien arrosées ont été organisées au 10 Downing Street, siège du Premier ministre.

Au même moment le gouvernement prétendait imposer des règles de regroupement drastiques à la population et punir ceux qui osaient les enfreindre.

« Faites ce que je dis, pas ce que je fais » : la façon insouciante dont les gouvernants se sont placés au-dessus des lois a choqué, et Johnson dévisse dans les sondages. 50 % de ceux qui ont voté pour son parti lors des législatives de décembre 2019 seraient aujourd’hui favorables à sa démission. C’est notamment le cas de bien des petits patrons qui commencent à mesurer les effets négatifs du Brexit sur leur portefeuille. Cerise sur le pudding, un député conservateur, sûrement très inquiet pour sa réélection, a même annoncé son ralliement à l’opposition travailliste.

Dans la tourmente, après des excuses à la Chambre des communes et à la reine elle-même, Johnson a dégainé trois propositions choc : geler puis supprimer à partir de 2027 la redevance télévision qui constitue la principale source de financement de la BBC ; mobiliser l’armée pour barrer la route aux migrants et les renvoyer vers leur pays d’origine ; relâcher les contraintes sanitaires adoptées face à la pandémie. Ces annonces démagogiques, bien dans le style du personnage, ont l’avantage de ne rien coûter au patronat. Et Johnson espère qu’elles pourront ramener vers lui le nombre grandissant des députés tories qui craignent que l’impopularité de leur chef ne les éclabousse.

Par ailleurs, pour sembler jouer la transparence, Johnson a chargé la haute fonctionnaire Sue Gray d’enquêter sur les dérives des fêtes et autres pots de départ organisés au sein des locaux ministériels. On peut prévoir d’avance que l’enquête se conclura par de simples recommandations, qui épargneront Johnson lui-même. Et, si une trentaine de députés conservateurs réclament aujourd’hui un vote de défiance envers Johnson, il faudrait qu’ils soient 54 pour qu’un tel vote intervienne.

Surtout, quelles que soient leurs récriminations envers ce Premier ministre à la réputation dégradée, les parlementaires conservateurs n’ont pas encore de capitaine de rechange. Les poids lourds du gouvernement pressentis sont le ministre des Finances, Rishi Sunak, champion du « quoi qu’il en coûte », ou la ministre des Affaires étrangères, Liz Truss, qui cultive une image de nouvelle Dame de fer. Mais pour l’instant ils attendent encore de voir si leur chef parviendra à rebondir une fois de plus, ou s’il va vraiment plonger.

Loin de ces péripéties au sommet, le pays a été un des plus durement touchés par la pandémie, la barre des 150 000 morts du Covid ayant été officiellement dépassée en janvier, et les travailleurs font face à une inflation galopante, supérieure à 5 %. Les factures de gaz et d’électricité flambent, tandis que la prétendue reprise économique se traduit par la multiplication de contrats précaires qui ne permettent pas de vivre dignement.

Bien sûr, aucun des politiciens qui rêvent de remplacer Johnson n’envisage de s’attaquer aux profits et au pouvoir de la classe capitaliste. Ce n’est le cas ni de ses amis du Parti conservateur ni de Keir Starmer, leader d’un Parti travailliste qui attaque d’autant plus volontiers Johnson sur les péripéties du Partygate que cela lui évite de critiquer le fond pro-patronal de sa politique, qu’il partage sans réserves.

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