Burkina Faso : d’un coup d’État à l’autre26/01/20222022Journal/medias/journalnumero/images/2022/01/2791.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Burkina Faso : d’un coup d’État à l’autre

Un coup d’État militaire a renversé le président du Burkina Faso, Roch Marc Kaboré, lundi 24 janvier. C’est un coup d’État de plus, pourrait-on dire, après celui de mai dernier au Mali voisin.

Les régimes sur lesquels s’appuie la France en Afrique s’effondrent successivement, preuve de la faillite totale de sa politique menée à coups d’opérations militaires.

Ce coup d’État n’est pas vraiment une surprise. Comme au Mali, les putschistes ont pu surfer sur la colère de la population contre ses propres dirigeants et contre la présence française. Aujourd’hui, plus d’un million et demi d’habitants, sur les vingt et un millions que compte le pays, ont dû fuir loin de chez eux par peur des attaques djihadistes. L’exaspération a été portée à son comble par deux attaques meurtrières. En juin, une attaque djihadiste sur la petite ville de Solhan a fait 160 morts dont au moins 20 enfants. Puis, en novembre, une soixantaine de gendarmes ont été massacrés dans leur base d’Inata. Les jours suivants, d’importantes manifestations organisées dans tout le pays ont demandé la démission de Kaboré et mis en cause la France. Le 20 novembre, un convoi militaire français était bloqué dans la ville de Kaya par une foule qui voulait l’empêcher de traverser le territoire Burkinabé vers le Niger.

Kaboré, arrivé au pouvoir en novembre 2015, devait aux dirigeants français sa présence à la tête de l’État. Un an auparavant, le dictateur Blaise Compaoré avait été renversé par un puissant mouvement populaire. La France, dont il avait été l’exécuteur des basses œuvres dans la région pendant vingt-sept ans, lui rendit un dernier service en l’exfiltrant vers la Côte d’Ivoire, puis veilla à écarter la population de la scène politique au profit de politiciens professionnels. Kaboré fut élu président, et instaura un régime tout aussi corrompu que celui de Compaoré. Il s’avéra totalement impuissant lorsque les groupes djihadistes, jusque-là cantonnés au Mali, prirent pour cible le Burkina. Kaboré mit en œuvre les mêmes expédients que ses homologues maliens, laissant le champ libre à l’armée pour rançonner la population, au lieu de la protéger et créant des milices d’autodéfense, villageoises, dont le seul rôle fut d’ajouter à l’insécurité créée par les djihadistes celle provoquée par les conflits entre communautés et les règlements de comptes.

La veille du coup d’État militaire au Burkina Faso, un cinquante-troisième soldat français était tué au Mali sur la base française de Gao, la dernière encore occupée dans le pays. Qui oserait encore dire aujourd’hui qu’il était là pour protéger la population de la région ? Les coups d’État qui se succèdent traduisent, au même titre que la persistance de l’insécurité, l’échec d’une politique qui ne vise qu’à défendre les intérêts de l’impérialisme français en Afrique.

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