Dans les entreprises

SNCF Rouen : les empoisonneurs enfin condamnés

Le 16 décembre dernier, la SNCF a été condamnée à verser 10 000 euros de préjudice d’anxiété à chacun des 119 cheminots retraités de l’atelier de Quatre-Mares, en Seine-Maritime, qui avaient porté plainte contre elle.

Leur mobilisation et leur acharnement à faire reconnaître la responsabilité de leur direction ont fini par payer.

La SNCF a exposé des centaines de travailleurs de Quatre-Mares, pendant des dizaines d’années, à une substance mortelle, l’amiante. En 2016 encore, 15 tonnes de pièces amiantées sont sorties de cet établissement. Et il y a une vingtaine d’années la quantité d’amiante y était colossale puisqu’une centaine de locomotives bourrées de cette matière étaient en maintenance chaque année dans les ateliers. Les cheminots travaillaient à l’époque sans protection individuelle ni collective. Ainsi, rien qu’aux ateliers, une centaine d’agents ayant des plaques pleurales à cause de l’amiante sont partis en retraite anticipée et une dizaine sont décédés.

Les dirigeants de la SNCF ont gagné du temps en alléguant que celle-ci n’était pas inscrite sur la liste des entreprises ouvrant droit à l’Allocation de cessation anticipée d’activité des travailleurs de l’amiante, une liste établie par des arrêtés ministériels pris sous des gouvernements de gauche. La condamnation de la SNCF par la cour d’appel de Paris aura nécessité un combat mené depuis 2013 à l’initiative de militants déterminés.

Il reste que la justice n’a toujours pas organisé le procès général de l’État et des patrons responsables du décès de près de 100 000 travailleurs empoisonnés à l’amiante.

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