Dans le monde

Démagogie anti-migrants

Le ministère russe de l’Intérieur vient d’annoncer qu’à dater du 1er janvier 2022 des mesures renforcées seront prises contre les migrants « exerçant une activité non conforme avec la loi » sur le séjour et le travail en Russie des étrangers.

Ils seront passibles « outre d’une amende (jusqu’à 5 000 roubles [soit 60 euros]), de mesures d’expulsion et d’interdiction de retour sur le territoire » russe.

Ceux que cela vise potentiellement sont des centaines de milliers de travailleurs venus d’anciennes républiques soviétiques, notamment d’Asie centrale, et que l’on trouve très nombreux sur les chantiers, les marchés, dans les petits boulots et dont tout le monde sait en Russie que, n’ayant pas de permis de travail, ils sont la cible d’exploiteurs sans scrupules et des policiers qui rackettent les migrants sans papiers. Cela vise aussi des masses de travailleurs chinois qui, eux aussi, sont employés, parfois sans contrat ni papiers officiels, sur des chantiers en Sibérie. Ce qui scandalise les autorités comme certains journaux est qu’ils « osent » parfois faire grève massivement et saccager les locaux de leur employeur quand on ne les paie pas ou qu’on les prive de leur permis de travail. Cela est arrivé notamment en novembre dernier sur un énorme chantier d’une grande compagnie pétrolière.

Les autorités russes, qui précisent qu’avec la nouvelle législation les employeurs de sans-papiers pourront aussi avoir des amendes, savent pertinemment que cela n’empêchera ni des travailleurs de continuer d’arriver de l’ex-URSS ou de Chine, ni des employeurs de les faire travailler dans la construction ou sur des sites forestiers.

D’ailleurs, de pareilles dispositions anti-migrants existent déjà.

Mais le pouvoir russe espère, en agitant une nouvelle fois ce thème, diviser pour régner. Alors que des grèves éclatent sur les salaires, cela pourrait être utile pour détourner le mécontentement d’une partie de la classe ouvrière, alors qu’elle constate quotidiennement une hausse des prix de consommation courante qui s’emballe.

Partager