Dans le monde

États-Unis : la justice absout l’extrême droite

L’acquittement, le 19 novembre, du milicien d’extrême droite ayant tué l’an dernier deux manifestants antiracistes à Kenosha, dans le Wisconsin, a provoqué l’indignation et des manifestations de protestation dans plusieurs villes.

En août 2020, dans cette ville, un policier blanc, appelé pour une agression, avait tiré sept balles dans le dos de Jacob Blake, un Noir non armé. La police avait initialement menotté Blake, bien que gravement blessé, à son lit d’hôpital… La suite est un exemple de cette justice au service de la police, ignorant ses victimes, surtout lorsqu’elles sont noires : les charges ont été abandonnées contre ce policier, qui a repris son service sans la moindre réprimande. Par contre, la victime paralysée a été condamnée à deux ans de mise à l’épreuve pour trouble à l’ordre public.

Ce type d’injustice raciste s’est tellement répété, dans l’histoire américaine, que l’indignation ressentie au moment des tirs contre Blake s’était tout de suite exprimée dans les rues de Kenosha plusieurs soirs de suite, sans attendre grand-chose du système judiciaire. Ces manifestations venaient dans la foulée des immenses protestations contre l’étranglement révoltant de George Floyd par un policier, trois mois auparavant à Minneapolis.

À Kenosha, ni les autorités de la ville, du comté et du Wisconsin, toutes démocrates, ni la police locale ou de l’État, ni l’extrême droite ne voulaient tolérer les manifestations. Se constituant en milice armée, sous l’œil approbateur de la police les considérant comme des supplétifs pour maintenir l’ordre raciste, l’extrême droite a provoqué les manifestants. C’est ainsi que deux d’entre eux ont été tués et un troisième blessé par des miliciens.

En fuite, le tireur, Kyle Rittenhouse, a pu passer les barrages de police et rentrer chez lui sans encombre, tant la complicité des forces de l’État avec les apprentis fascistes était évidente. Ce n’est que le lendemain qu’il s’est rendu de lui-même. Après deux mois de prison il était libéré sous caution. Un an plus tard, lors de son procès, il a plaidé l’autodéfense.

Si un jury populaire l’a acquitté, c’est tout le système judiciaire qui a poussé dans ce sens ; notamment le juge, qui avait interdit l’emploi du mot « victime » à propos des deux hommes tués par Rittenhouse, décrits officiellement comme des émeutiers et des incendiaires.

Joe Biden s’est dit « en colère » après ce verdict, en appelant immédiatement au calme. Ce n’est pas du côté du président démocrate que ceux qui sont révoltés par ces injustices peuvent trouver un véritable soutien contre le racisme de la société et de tout l’appareil d’État.

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