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Burkina Faso : dehors les troupes françaises !

À partir du 18 novembre, un convoi de l’armée française traversant le Burkina Faso a été bloqué plusieurs jours par la population. Des milliers de manifestants lui ont barré la route en criant « France dégage » ou « À bas la France », témoignant de l’exaspération qui est aujourd’hui celle des populations du Sahel contre la présence militaire française.

Ce convoi était parti d’Abidjan en Côte d’Ivoire le 14 novembre. Il acheminait du ravitaillement et des armes vers le Niger et la base de Gao au Mali. Fort de 90 camions et d’une centaine de militaires, il empruntait une voie traditionnelle pour ce genre d’opération. Mais, cette fois, la population burkinabé ne l’a pas laissé faire. Dès son arrivée dans le pays, les manifestants se sont rassemblés pour lui barrer la route, à l’appel de la Coalition des patriotes africains du Burkina-Faso. Le convoi a été bloqué pendant deux jours à Bobo Dioulasso, puis dans la capitale Ouagadougou où les gendarmes burkinabé ont dispersé les manifestants à coup de grenades lacrymogènes. Enfin, arrivé à Kaya, à 100 km de la capitale, les militaires français ont été à nouveau stoppés et ont dû se replier dans un terrain grillagé. Les tirs des soldats français et de l’armée burkinabé venue les protéger ont alors blessé quatre manifestants.

Ces manifestations expriment bien la colère de la population contre la présence militaire française, en l’occurrence les forces spéciales cantonnées près de la capitale. Ni celles-ci ni l’armée burkinabé ne sont capables de protéger la population contre les djihadistes. Le 14 novembre, ceux-ci ont tué quarante-neuf gendarmes burkinabés et quatre civils à Inata. Depuis leurs premières attaques au Burkina en 2015, 2 000 personnes ont été tuées et un million et demi ont dû fuir leur foyer.

Les manifestations se multiplient aussi pour réclamer la démission du président, Roch Marc Christian Kaboré, qui apparaît à juste titre comme l’obligé d’Emmanuel Macron. Kaboré était arrivé au pouvoir en 2015, à l’issue de la transition qui avait suivi le renversement du dictateur Blaise Compaoré par un soulèvement populaire. Ce processus politique avait été de bout en bout piloté par les dirigeants français, qui s’étaient assuré de garder, avec Kaboré, un président à leurs ordres au Burkina.

Aujourd’hui, une grande partie de la population sahélienne rejette la présence de l’armée française. Au Burkina, au Mali, au Niger, elle a fait en quelques années l’expérience que ces troupes n’étaient pas là pour assurer leur sécurité, mais uniquement pour préserver les intérêts de l’impérialisme français, en tenant à bout de bras des présidents à sa solde. Celles et ceux qui ont bloqué le convoi se disent prêts à recommencer. Comme eux, il faut dire : « L’armée française hors d’Afrique ».

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