Argentine : après les élections, austérité au programme24/11/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/11/2782.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Argentine : après les élections, austérité au programme

Dimanche 14 novembre, on votait en Argentine pour élire une partie des députés, élus régionaux et locaux. Les résultats ont confirmé pour l’essentiel ceux de l’élection primaire tenue en septembre dernier.

Avec 7,7 millions de voix, le parti du président péroniste, Alberto Fernandez, perd 1,7 million des voix qui lui avaient permis de l’emporter en 2019. Il conserve 118 députés. La droite de l’ex-président Macri arrive en tête avec 9,6 millions de voix, perd 200 000 voix mais garde 116 députés. La droite “anti-système” nouvelle venue dans cette compétition, obtient un million de voix et cinq députés.

Son important recul n’a pas empêché le président Fernandez d’appeler à fêter ce « succès ». Il faut dire que l’élection primaire de septembre lui avait fait craindre d’en perdre davantage.

Entre 2015 et 2019, le président de droite Macri avait abondamment fait appel aux prêts du Fonds monétaire international (FMI), faisant exploser la dette et le montant des échéances à rembourser. Son successeur péroniste s’est attelé à effacer l’ardoise de la droite, ce qu’il paye maintenant dans les urnes. Pour payer ses échéances, Fernandez a sacrifié les aides et les subsides traditionnellement versés par les péronistes à leur base électorale populaire, au moment où les différents plans d’austérité imposés à la population ramenaient misère et pauvreté pas loin du niveau atteint lors du krach de 2001, sans parler des difficultés dues à la pandémie. Tout cela a créé des tensions parmi les péronistes, notamment avec sa vice-présidente, Cristina Kirchner.

D’autres attaques contre les travailleurs sont à venir. Un nouveau plan d’austérité devrait débuter en décembre. Le président vient de s’adresser à ses opposants pour leur proposer un accord national au nom du « sens des responsabilité et du patriotisme », afin qu’ils l’aident à pressurer la population pour satisfaire les exigences de la finance.

Le courant de droite anti-système est représenté par un économiste, Javier Milei, qui, à la façon d’un Bolsonaro, a axé sa campagne notamment sur la sécurité. Pour le moment, ce phénomène est circonscrit à la capitale, où il a obtenu 17 % des voix, mais il pourrait grandir.

Heureusement, de l’autre côté de l’échiquier politique, le Front de la gauche et des travailleurs-Unité (FIT-U), qui réunit quatre organisations trotskystes, obtient 1,3 million de voix, soit 6 % des votes, passant de deux à quatre députés. Sa candidate Myriam Bregman est élue dans la capitale avec 7,7 %, faisant mieux qu’en septembre. Mais c’est à Jujuy que le résultat est le plus spectaculaire, avec 25 % des voix pour le candidat du FIT-U.

Le FIT-U a fait campagne en dénonçant le remboursement de la dette au détriment de la population, mettant en avant la nationalisation du système bancaire et financier, pour aboutir à une banque publique unique sous le contrôle des travailleurs. Face à l’inflation et à la hausse des prix, le FIT-U propose un relèvement automatique des salaires et des pensions et, face au chômage et à la précarité, la répartition des heures de travail.

Ce sont en effet autant d’objectifs qui mériteraient, au-delà des élections, de devenir pour les travailleurs des objectifs de lutte. Et cela, malgré la passivité de la bureaucratie syndicale qui se montre complice du gouvernement.

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