Dans le monde

Pologne : la loi sur l’avortement est criminelle

Un projet de loi d’initiative citoyenne, déposé par des organisations anti-avortement, a récolté les 100 000 signatures nécessaires pour être pris en compte. Alors qu’il va bientôt être examiné par le Parlement polonais, l’indignation monte contre cette pression réactionnaire.

Le projet de loi prévoit de punir de cinq à vingt-cinq ans de prison, voire la perpétuité, les mères qui recourent à l’avortement et les médecins qui le pratiquent. Il propose de considérer l’enfant comme un être vivant de la procréation à l’accouchement, et donc tout acte le mettant en péril comme un meurtre.

En même temps, le 22 septembre dernier, une jeune femme de 30 ans, enceinte depuis 22 semaines, est décédée dans un hôpital de Silésie où elle avait été admise après avoir perdu les eaux. Le bébé n’était pas viable, mais les médecins ont décidé de ne pas procéder à l’avortement tant que le cœur du fœtus continuerait de battre. La jeune femme a écrit dans son journal : « Le bébé pèse 485 grammes. Pour l’instant, à cause de la loi sur l’avortement, je dois m’allonger. Et ils ne peuvent rien faire. Ils vont attendre qu’il meure […] et en plus je peux m’attendre à une septicémie. » C’est ce qui s’est produit.

Normalement, la mise en danger de la vie de la mère est encore un des cas qui autorisent l’avortement, de même que le viol ou l’inceste, mais pas les cas de malformation du fœtus. Les médecins ont tellement peur qu’on les accuse d’avoir provoqué un avortement trop tôt ou sans raison, qu’ils en viennent à de tels choix inhumains et sordides. Nombre de femmes vivent dans la panique de telles situations de risque d’avortement, craignant elles aussi d’être accusées. Cela est encore plus fréquent dans de petites villes, en province, sous la pression des milieux conservateurs et religieux. Chacun comprend, alors que les deux médecins en cause viennent d’être déférés en justice, qu’il n’y a là qu’une tentative du gouvernement pour répondre à l’indignation que l’événement a provoquée et les en rendre seuls responsables.

Des réactions ont eu lieu un peu partout en Pologne. Le 1er novembre, où il est traditionnel de mettre des petites bougies allumées dans les cimetières, des bougies blanches ont été allumées un peu partout, avec des pancartes « Plus jamais cela », et surtout des panneaux portant des listes de noms de femmes décédées dans des situations similaires. Le 6 novembre, des manifestations ont eu lieu à Varsovie, Cracovie, Gdansk et dans plusieurs grandes villes. Il est inadmissible de voir encore aujourd’hui, quand ils en ont le pouvoir, l’Église et les milieux réactionnaires imposer leurs préjugés au risque de tuer.

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