Passe sanitaire : vrai flicage et faux débat parlementaire09/11/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/11/2780.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Passe sanitaire : vrai flicage et faux débat parlementaire

Le 5 novembre, la majorité macroniste de l’Assemblée nationale a voté une « loi de vigilance sanitaire » qui permet la prolongation du passe sanitaire obligatoire jusqu’au 31 juillet 2022.

Les sénateurs, majoritairement de droite, voulaient limiter cette prolongation au 28 février, fin de la session parlementaire avant les nouvelles élections législatives. À l’Assemblée, 75 députés de l’opposition, dont ceux du PS et de la France insoumise, ont déposé un recours devant le Conseil constitutionnel pour contester cette loi, en accusant Macron de piétiner la démocratie. Mais au fond, plus que l’existence du passe sanitaire, qu’ils ont approuvée jusqu’ici, ce que ne supportent pas ces politiciens, c’est de se sentir malmenés par Macron, qui veut avoir les mains libres jusqu’à la fin de son mandat, sans devoir refaire voter une loi en pleine campagne présidentielle.

Annoncé cet été comme une mesure provisoire, le passe sanitaire est une mesure autoritaire qui habitue la population à des contrôles permanents. Dans quels types d’établissements recevant du public ce passe peut-il être imposé ? Dans quels départements ? Pour quels types d’événements ? Ces décisions relèvent de l’arbitraire du gouvernement et des préfets. La loi donne le droit au Premier ministre d’interdire ou de restreindre les déplacements, les rassemblements et l’accès à certains lieux. Elle durcit les sanctions possibles, jusqu’à cinq ans de prison, contre ceux qui se procurent un faux passe. Plus grave, cette nouvelle loi prolonge et renforce les moyens de pression et de contrôle des employeurs dans de multiples secteurs où le passe est obligatoire. Elle empêche le retour à leur poste des plus de 15 000 travailleurs du secteur de la santé qui ont été suspendus sans salaire.

Macron et Castex justifient le recours à ce passe obligatoire par la gravité de la situation sanitaire. Mais leur loi ne fixe aucun seuil pour le déclencher ou le suspendre. Et surtout, leur campagne de vaccination ne les empêche pas de continuer à fermer des lits dans les hôpitaux et d’organiser la pénurie de personnel. Le gouvernement reporte ainsi sur la population la responsabilité d’un éventuel rebond de l’épidémie auquel les hôpitaux pourraient être incapables de faire face. Il cherche ainsi à dissimuler sa politique criminelle derrière un écran de fumée.

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