Leur société

Bouygues-Engie : Monopoly capitaliste

Après un dernier week-end de tractations, Bouygues vient d’annoncer le rachat pour 7,1 milliards d’euros de toute une branche d’activité du groupe Engie, sa filiale Equans, qui emploie 74 000 salariés dans le monde.

Le 30 juin dernier, Catherine Mc Gregor, la patronne d’Engie, entreprise issue de la fusion de Suez et Gaz de France, avait créé cette filiale baptisée Equans, en y regroupant les activités de maintenance et d’installation dans le chauffage, la climatisation et la ventilation ou encore la robotique, des entreprises dites de services techniques. Depuis quatre mois, plusieurs capitalistes étaient sur les rangs pour racheter tout ou partie d’Equans. En mettant 7,1 milliards sur la table, Bouygues a raflé la mise devant ses concurrents Eiffage et Bain, une société américaine qui n’a proposé « que » 6,7 milliards d’euros.

Avec cette opération, Bouygues atteint un chiffre d’affaires de plus de 47 milliards d’euros et emploiera 200 000 travailleurs. Il récupère un marché prometteur avec quelque 100 000 contrats d’entretien dans l’industrie ou le bâtiment. Comme le dit son patron, « grâce à la transition énergétique, le secteur est porteur, avec un taux de croissance espéré entre 3 et 4 % sur les prochaines années ».

Cette opération de Monopoly géante montre combien l’argent coule à flots du côté des capitalistes, capables de sortir des milliards pour acheter des groupes entiers comme on sort un euro pour acheter une baguette de pain. Les mêmes rabâchent pourtant matin et soir que quelques centaines d’euros d’augmentation sur les salaires de leurs employés ruineraient leur entreprise. Ces prétendus entrepreneurs et investisseurs sont surtout champions en matière de rachat d’entreprises déjà existantes et qui rapportent gros, sans prendre le moindre risque ni créer la moindre valeur nouvelle. Les risques, ce sont les travailleurs qui les prennent entièrement, tout comme ils créent toutes les richesses par leur travail. Lors de chaque fusion, des emplois sont supprimés à cause des doublons. Ici, une centaine d’agences et 1 800 emplois sont directement menacés.

Cette opération montre aussi qui sont les vrais maîtres de la société. Pendant que des dirigeants politiques s’agitent sur le devant de la scène, une poignée de capitalistes comme Martin Bouygues peuvent faire basculer du jour au lendemain la vie de centaines de milliers de familles et l’avenir de villes entières.

Partager