TER Nice-Marseille : face à l’ouverture à la concurrence03/11/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/11/2779.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

TER Nice-Marseille : face à l’ouverture à la concurrence

Le 28 octobre, sans surprise, le conseil régional de PACA a entériné l’attribution, à partir de 2025, de la ligne Marseille-Nice à Transdev. Il s’agit, dans le cadre de l’ouverture à la concurrence des transports de voyageurs, de la première ligne attribuée à un concurrent de la SNCF sur le réseau ferré national.

Renaud Muselier, président LR de la région, qui fait depuis des années du dénigrement des cheminots un commerce électoral, avait annoncé début septembre avoir retenu Transdev, filiale de la Caisse des dépôts et consignations, suite à l’appel d’offres concernant cette ligne, qui représente 10 % du trafic régional. Il restait à faire formellement valider cette décision par les conseillers régionaux.

Le 29 octobre, jour de la délibération, un rassemblement national de cheminots appelé par la CGT et l’UNSA devant le conseil régional a réuni 2 000 participants. Le 14 octobre, une première journée de grève des cheminots de la région avait été un succès. C’est ce qui a incité Muselier à avancer d’une journée le vote du Conseil régional.

Mais les artisans de cette mise en concurrence, Transdev et la SNCF, n’éviteront pas la confrontation avec les travailleurs du rail. Ce sont en effet eux qui sont dans le viseur, en PACA comme ailleurs.

Concrètement, 244 cheminots devraient être transférés en 2025 de la SNCF à Transdev. Au passage, cette entreprise, aujourd’hui à fonds essentiellement publics, entend instaurer la polyvalence, modifier les conditions de travail et de rémunération.

Mais Transdev et la SNCF entendent surtout utiliser cette menace et l’inquiétude qu’elle suscite pour diminuer les salaires et aggraver les conditions de travail de l’ensemble des travailleurs du rail, quel que soit leur statut ou leur employeur.

Ainsi, dans une interview au Figaro le 2 novembre, Farandou, le PDG de la SNCF, déclare qu’il faut « faire tout ce que l’on peut pour garder nos parts de marché ». Et pour cela il indique : « La conséquence de la concurrence, c’est aussi que, pour être compétitifs, nous faisons très attention à nos coûts. » Et il est fier d’annoncer : « Cette année, comme les années précédentes, nous baissons l’emploi de 1,5 % à 2 % », soit près de 3 000 suppressions de postes.

La SNCF elle-même crée systématiquement des filiales quand elle postule pour les appels d’offres tant pour les lignes régionales que pour les lignes intercités, dont l’attribution dépendra de l’État. Son objectif est justement de déroger à sa propre réglementation du travail.

Les travailleurs de la SNCF vont être confrontés directement à ce que leurs collègues d’entreprises extérieures connaissent depuis longtemps : des patrons qui se succèdent et attaquent leurs conditions de travail et de rémunération au gré des appels d’offres. Et cet éclatement, commencé depuis longtemps avec l’externalisation du nettoyage, du gardiennage, s’est étendu à de nombreuses activités dans les ateliers et les chantiers. Ce sont maintenant les 150 000 cheminots encore estampillés SNCF qui sont sur la sellette.

Pour défendre leurs conditions d’existence, les cheminots ne doivent absolument pas tomber dans le piège, tendu par Farandou et consorts, les incitant à accepter des reculs pour gagner les appels d’offres.

Il faut au contraire dénoncer ce chantage à la compétitivité et mettre en avant les revendications de classe, concernant l’emploi, les salaires, les conditions de travail, qui peuvent être comprises et reprises par l’ensemble des travailleurs du rail.

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