Electricité – gaz : quelques parasites en faillite03/11/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/11/2779.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Electricité – gaz : quelques parasites en faillite

E. Leclerc Énergie a prévenu les 140 000 clients à qui il fournissait de l’électricité, à prix coûtant, disait-il, qu’il cessait son activité et que les abonnés devaient donc impérativement changer de fournisseur avant le 31 octobre.

En effet Leclerc vend à présent son électricité à perte et, par conséquent, préfère arrêter les frais. D’autant plus que la trêve hivernale commence le 1er novembre et protège les clients de toute coupure complète. Leclerc s’arrête donc juste à temps, avant d’avoir à assumer le scandale de voir certains de ses clients pénalisés et privés de courant.

Un autre fournisseur, Hydroption, spécialisé dans les clients professionnels (mairie de Paris, ministères, etc.), vient d’être mis en redressement judiciaire pour la même raison.

Beaucoup de fournisseurs dits alternatifs, concurrents d’EDF, refusent maintenant de prendre de nouveaux clients qui leur font perdre de l’argent. Planète OUI demande « de ne plus envoyer de contrats ». Alterna déclare que ses « tarifs ultra-compétitifs [lui] ont fait gagner trop de clients ». Et plusieurs sont au bord de la faillite d’autant plus redoutée que l’hiver arrive, entraînant une consommation plus importante et donc davantage de pertes pour ces fournisseurs. Plusieurs d’entre eux veulent augmenter leurs tarifs au-delà de ce qui était stipulé dans leurs contrats, ou augmenter le prix des abonnements.

Pourquoi ce vent de panique souffle-t-il ? La loi impose à EDF de vendre à ses concurrents alternatifs le quart de sa production nucléaire (soit environ 100 térawattheures) à un prix de faveur (42 euros le méga- wattheure) qui permet aux alternatifs de le revendre en réalisant un bénéfice. Cela a entraîné l’apparition d’un nombre sans cesse plus important d’alternatifs, soit une soixantaine de distributeurs, dont la quasi-totalité ne produisent rien mais se contentent d’acheter le courant à EDF puis de le revendre. Ils ne sont que de simples parasites spéculant sur les prix.

Mais les 100 téra- wattheures sont devenus insuffisants devant l’affluence croissante des alternatifs. Ceux-ci réclament beaucoup plus de térawattheures, ce qu’ils ne sont pas parvenus à obtenir, notamment à cause de l’opposition de la Commission européenne comme d’EDF. Ils achètent donc au prix du marché ce qui leur manque, un tiers, voire la moitié du courant qu’ils revendent. Tant que les prix du marché étaient relativement bas, cela fonctionnait. Mais, quand les tarifs de l’électricité sur le marché font des bonds, les alternatifs perdent de l’argent.

En Grande-Bretagne, la situation est encore pire. Il n’y a pas là-bas d’équivalent d’EDF, obligé de vendre de l’électricité provenant des centrales nucléaires. Coincés entre des prix d’achat qui atteignent des sommets, tant pour le gaz que pour l’électricité, alors que leurs contrats de vente sont généralement à prix fixe, les fournisseurs frôlent la catastrophe. Déjà seize d’entre eux ont fait faillite. En Belgique aussi, un fournisseur important a mis la clé sous la porte et cette faillite devrait être suivie par d’autres. Il en va de même dans d’autres pays d’Europe.

L’incohérence du système apparaît ici clairement. Dans le cas de la France, l’ouverture du marché à la concurrence sous prétexte de faire baisser les prix – qui n’ont cessé d’augmenter ! – a permis l’apparition des alternatifs qui, avant leur faillite annoncée, se seront enrichis aux dépens des consommateurs.

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