États-Unis : du blé pour fabriquer des moissonneuses27/10/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/10/2778.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : du blé pour fabriquer des moissonneuses

Depuis le 14 octobre aux États-Unis, 10 000 salariés de John Deere ont entamé une grève, la plus importante dans une entreprise privée depuis celle de General Motors en 2019. Onze usines et trois entrepôts sont à l’arrêt dans cinq États : c’est la première grève d’une telle ampleur chez ce fabricant de machines agricoles depuis 1986.

Le syndicat UAW venait de négocier avec la direction de John Deere 5 % de hausse de salaire dans l’immédiat, suivie de nouvelles augmentations qui auraient abouti à presque 20 % d’augmentation au bout des six années du contrat collectif. Il s’y ajoutait la promesse d’un bonus de 50 000 dollars à la signature du contrat. Mais lors du vote, 90 % des travailleurs syndiqués ont refusé de l’approuver, déclenchant la grève quelques jours plus tard.

En effet l’écart, concernant le salaire, l’­assurance-maladie et la pension de retraite, existant entre ceux qui ont été embauchés avant 1997 et ceux qui sont arrivés depuis et sont plus mal lotis, n’était pas entièrement comblé. Les ouvriers ne veulent pas non plus que ceux qui viendront travailler dans les usines après la mise en place du nouveau contrat soient traités comme une nouvelle catégorie, travailleurs de troisième classe, avec un salaire encore plus faible et sans que l’entreprise cotise pour leur future pension de retraite.

Depuis le déclenchement de la grève, la direction de John Deere a obtenu d’un juge de l’Iowa une ordonnance limitant à quatre le nombre de grévistes autorisés à tenir le piquet de grève aux portes de l’usine de Davenport, et leur interdisant d’avoir des chaises et des braseros. Si le patron a le soutien des autorités, les grévistes bénéficient de celui de la population et de petits commerçants locaux qui apportent sur les piquets de grève de la nourriture, des vêtements chauds et du bois de chauffage.

Cette grève sur les salaires n’est pas la seule en cours aux États-Unis. En période de retour de l’inflation, qui atteint plus de 5 % cette année, les travailleurs ont toutes les raisons de craindre que les contrats de travail, qui lient les syndicats au patronat pour des années et prévoient des augmentations de salaire définies à l’avance, tournent à leur désavantage. Ils veulent non seulement de plus fortes augmentations, mais aussi l’instauration d’un mécanisme de rattrapage des salaires sur l’inflation, qui existait dans beaucoup de grandes entreprises avant que le patronat n’arrive à le supprimer à partir des années 1980.

Le PDG de John Deere a touché 15,6 millions de dollars en 2020, 9,6 millions de plus qu’en 2019. En 2021, l’entreprise s’attend à faire 5,9 milliards de dollars de profit, 84 % de plus qu’en 2020. Les bénéfices seraient supérieurs de 63 % au précédent record de 2013. Les travailleurs savent que les affaires vont bien pour leur patron. Cela ne peut que renforcer leur détermination à lutter pour leurs revendications.

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