Sommet France-Afrique : une nouvelle recette déjà rance13/10/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/10/2776.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Sommet France-Afrique : une nouvelle recette déjà rance

Vendredi 8 octobre, à Montpellier, Emmanuel Macron a réuni un sommet France-Afrique qui se voulait différent des précédents : pour preuve, le sommet prend le nom d’Afrique-France. Et au lieu de convier, comme c’est le cas depuis 1973, les chefs d’État africains ainsi que des entreprises françaises et africaines, il a invité des « membres de la société civile. »

Les invités étaient en particulier des jeunes triés sur le volet pour donner l’impression de porter la contradiction. Mais si Macron n’a pas invité les dictateurs africains, les entreprises françaises étaient bien présentes pour défendre leur mainmise sur le continent.

La première raison invoquée par le gouvernement pour justifier ce changement est « d’écouter la parole de la jeunesse africaine ». D’après lui, cet événement « mettra en relation les acteurs essentiels de la relation [entre l’Afrique et la France] dans les dix et vingt ans qui viennent ». En fait, à un an de la présidentielle, Macron ne tenait pas à se montrer aux côtés de dictateurs africains, tels Ali Bongo, président du Gabon fils d’Omar Bongo, Paul Biya, président du Cameroun depuis 1982, Alassane Ouatarra qui avait promis de céder la main et qui en est à son troisième mandat. Il voulait éviter la photo aux côtés des militaires putschistes maliens ou tchadiens.

Macron a voulu faire semblant de débattre avec des jeunes qui certes lui reprochaient la colonisation, mais entre gens de bonne compagnie, dans une atmosphère feutrée, où les jeunes Africains se faisaient applaudir au même titre que le président français. Si des critiques ont été émises, au fond, l’impérialisme français n’a jamais été remis en question ni la manière dont il met en coupe réglée une partie du continent africain pour le plus grand profit des Bouygues et des Bolloré. Car au-delà d’un simple problème d’image, le gouvernement français fait face à un véritable problème en Afrique, dans ce qu’il considère comme son pré carré conservé après la décolonisation. L’impérialisme français, de plus en plus concurrencé dans ses anciennes colonies, ne doit plus seulement affronter les États-Unis ou le Royaume-Uni : aujourd’hui, c’est la Chine qui vient disputer les marchés aux entreprises françaises en RDC.

Même sa puissance militaire est contestée. Alors que la France annonce un retrait partiel de ses troupes du Mali, le Premier ministre malien, fraîchement nommé par les militaires putschistes, se tourne aussitôt vers la Russie et ses réseaux paramilitaires, la société Wagner. Les dirigeants maliens veulent montrer qu’ils sont prêts à faire appel à d’autres puissances pour assurer leur protection.

Le gouvernement français veut aussi multiplier ses interlocuteurs. Il s’adresse y compris aux opposants de ces dictatures dans le but de s’assurer une relève éventuelle. Mais au fond, c’est bien faire semblant de changer pour que rien ne change.

Partager