Leur société

Medef : salaires et retraites dans le viseur

C’est une liste d’injonctions que le président du Medef, Roux de Bézieux, livre à la connaissance du gouvernement et des candidats à l’Élysée, dans son interview au quotidien Les Echos du 11 octobre. Les exigences d’attaques anti-ouvrières alternent avec quelques satisfecit quant aux cadeaux déjà faits aux patrons.

Comme le budget 2022 est sur la table, il ne faut pas perdre cette occasion de rappeler qui est le patron, de tancer le gouvernement au sujet de « cette occasion manquée pour la baisse des dépenses ». Les aides aux entreprises versées pendant la crise n’ont pas déplu à Roux de Bézieux ni à ses pairs, mais il s’agit à présent de fermer le robinet des « dépenses de fonctionnement », qui selon lui continuent à croître. Il faudra donc restreindre les salaires des territoriaux, des soignants, des enseignants, l’entretien des écoles, des prisons, l’embauche dans les hôpitaux, les tribunaux, etc. En revanche, il faudrait « financer notamment des investissements favorisant la transition énergétique », autrement dit fournir aux nombreux capitalistes reconvertis sur ce créneau des aides et des marchés tout cuits. Le budget n’étant pas extensible, le choix de Roux de Bézieux est donc vite fait.

Le patron du Medef veut également pouvoir réduire les dépenses énergétiques des entreprises, et concède un bon point au gouvernement sur la « stabilité fiscale », autrement dit les multiples dégrèvements de taxes et d’impôts dont celles-ci ont déjà bénéficié. Une baisse de l’impôt sur les sociétés, l’IS, qui porte sur les profits et va prochainement descendre à 25 % pour les plus grosses sociétés, ne lui semble même pas nécessaire, dit-il, grand seigneur. Il est vrai que nombre de ses semblables savent bien comment dissimuler les bénéfices… En revanche, Roux de Bézieux réclame de nouvelles réductions des impôts de production, qui rapportent trois fois plus à l’État que l’IS. Mais, bien que déjà réduits au détriment des communes qu’ils alimentaient, ils sont d’entrée de jeu à défalquer des comptabilités patronales.

Et surtout, comme c’est le travail qui rapporte aux patrons bien décidés à le payer le moins cher possible, le représentant du Medef avertit que « si des hausses de salaires se généralisent, ce ne sera pas soutenable pour l’ensemble de l’économie », en clair pour les patrons. Et puisque, vu de sa fenêtre, « on ne peut pas dire que les conditions de travail se soient brutalement dégradées depuis la crise sanitaire », « il est évident qu’il faudra travailler plus ». Autant le dire franchement, il est « acceptable politiquement, pour le moment, […] de reculer l’âge de départ à la retraite à 64 ans, mais ce ne peut être qu’une étape ».

Les travailleurs des chaînes de production, des hôpitaux, des Ehpad, de l’aide à la personne apprécieront cette déclaration de guerre.

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