Dans les entreprises

Travailleurs sans papiers : le parcours du combattant de la régularisation

Il y a deux ans, après une mobilisation de sept mois concrétisée par un campement de lutte devant l’agence Chronopost d’Alfortville dans le Val-de-Marne, 73 travailleurs sans papiers avaient été régularisés, sur les 156 demandes déposées.

le parcours du combattant de la régularisation

Ils avaient obtenu des cartes de séjour d’un an, qui doivent donc maintenant être renouvelées.

La procédure pour obtenir ce renouvellement est un véritable parcours du combattant, comme l’explique, dans un tract distribué à la population, le collectif des travailleurs sans-papiers de Vitry qui a animé cette lutte : « Si la préfecture ne vous convoque pas et vous oublie quand vous devez faire renouveler votre carte de séjour, vous devez passer par un service informatique de la préfecture intitulé « démarche simplifiée »… et attendre qu’on vous donne un rendez-vous pour déposer les autres documents nécessaires à l’instruction de votre dossier. Et vous pouvez attendre longtemps, et même très longtemps. C’est le cas de nombreuses personnes régularisées, depuis plusieurs années pour certaines, qui redeviennent des « sans-papiers » faute d’un rendez-vous en préfecture.

Avant, il y a plusieurs années, pour déposer une demande de titre de séjour, il fallait faire de longues files d’attente devant la préfecture, parfois en affrontant le froid et la pluie certes, mais finalement on pouvait être reçu. Maintenant, ces files ont disparu. Et pour cause : il n’y a plus de possibilité de se rendre en préfecture sans un rendez-vous obtenu par Internet. (…)

Sur le portail de la préfecture, il faut renseigner (…) le titre de séjour sollicité : « admission exceptionnelle au séjour » qui est l’appellation mal nommée pour cette carte « salarié ». Après cela, la réponse qui s’affiche invariablement sur l’écran est « Aucun rendez-vous n’est disponible pour les motifs sélectionnés ou le créneau horaire sélectionné. » Si nous imprimons, à nos frais, nos centaines de tentatives et les apportons à la porte de la préfecture pour prouver que cela ne marche pas et demander un rendez-vous, nous serons bloqués par des policiers qui ne nous laisseront pas rentrer… justement faute de rendez-vous !

L’envoi de demandes par courriel ou par lettre recommandée n’y change rien. Les avis de la défenseure des droits, ceux du Conseil d’État, voire les condamnations des tribunaux administratifs ne changent rien à cette politique. C’est une façon pour l’État de bloquer la régularisation de salariés, sans le dire, sans le revendiquer, sans en faire un débat public, de façon honteuse et cynique. »

Ces travailleurs ne se découragent pas pour autant et continuent à maintenir leur pression sur la préfecture du Val-de-Marne par une mobilisation constante.

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