Dans le monde

Phosphates : le poison du profit

Un reportage, Engrais maudits, diffusé le 19 septembre à la télévision, a montré une fois de plus comment l’industrie chimique empoisonne la population des régions productrices de ces engrais, tout comme les consommateurs des produits qu’ils contribuent à faire pousser, en l’occurrence les pommes de terre.

L’engrais utilisé en abondance pour fertiliser les champs de pommes de terre est le phosphate, dont le principal producteur mondial est le groupe OCP, entre les mains de l’État marocain. Le phosphate est notamment produit dans la région de Safi, dans des conditions telles qu’il contamine l’environnement et l’eau consommée par les populations avoisinantes. Ainsi à Safi, autour de la mine, les populations souffrent de maladies du système respiratoire, des os, des dents, des maladies qui touchent les plus pauvres, ceux qui boivent l’eau du robinet, contaminée par du fluor.

En plus de ce poison, le phosphate extrait contient aussi un métal lourd, le cadmium, un poison qui, ingéré, s’accumule dans le foie tout en provoquant des troubles rénaux graves. Le reportage montre que le cadmium est présent dans toute la chaîne, de la production à la consommation, dans les eaux de rejet de l’usine, dans les engrais vendus par les importateurs, dans les pommes de terre sorties des champs… et dans les urines de ceux qui les consomment.

Les autorités sanitaires françaises, l’Anses, ont affirmé à la caméra avoir découvert le problème grâce à l’enquête journalistique, démontrant en fait l’absence de contrôle public sur l’industrie chimique.

Séparer le cadmium du phosphate ne pose pas de problème technique et ne coûterait que 3 % du prix de vente des engrais. Mais ni OCP ni les importateurs n’envisagent de perdre une miette de leurs profits.

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