Leur société

Indemnisation du chômage : tous les travailleurs sont visés

Le gouvernement a annoncé, par un nouveau décret, l’application à partir du 1er octobre de la modification des règles d’indemnisation du chômage. Adoptée en 2019 et prévue pour 2020, elle avait été suspendue par suite de l’épidémie du Covid.

Déjà prévue pour juillet de cette année, cette mise en application avait été annulée par le Conseil d’État, saisi en urgence par les confédérations syndicales, au motif que la crise sanitaire n’avait pas fini ses effets sur le marché du travail. C’est donc en force, en se contentant de déclarer que la situation de l’emploi s’est améliorée, que le gouvernement a édicté son décret, identique au précédent.

Il modifie le mode de calcul du salaire journalier de référence, qui détermine le montant des allocations chômage. Ne prenant en compte que les jours travaillés, les indemnités journalières se trouveront réduites pour les chômeurs n’ayant pas travaillé de façon continue durant leur période de référence, ou ayant eu des contrats d’intérim ou des CDD sans continuité. Ces travailleurs à l’activité discontinue, de plus en plus nombreux, représentent une part considérable de la classe ouvrière.

L’organisme qui gère ces allocations, l’Unedic, a calculé que 1,15 million de personnes risquent de voir leur allocation baisser, de 17 % en moyenne ! Pour 365 000 d’entre elles, cela pourrait réduire leur indemnité à 662 euros net par mois, au lieu de 885, une somme avec laquelle elles ne pouvaient déjà guère vivre.

Mais la réforme de l’indemnisation du chômage ne s’arrête pas là. Elle prévoit aussi des mesures qui pourraient priver de toute indemnisation des centaines de milliers de travailleurs précaires qui aujourd’hui survivent de petit contrat en petit contrat, d’une semaine, de deux jours ou d’un seul, en intérim ou en CDD. En effet les règles en vigueur précédentes, qui n’étaient pas mirobolantes, permettaient à ces travailleurs de se voir indemnisés entre deux périodes de travail et de recharger leurs droits au fur et à mesure qu’ils en retrouvaient. Ces règles sont supprimées, les nouvelles prévoient que, pour avoir droit à une indemnisation, il faudra avoir travaillé 130 jours durant les vingt-quatre mois précédents, ou 910 heures.

Le gouvernement a aussi prévu de remettre en place une dégressivité des indemnités de chômage au fil des mois, pour le moment limitée aux seuls chômeurs un peu plus indemnisés, agents de maîtrise et cadres. Cette mesure, tout aussi injuste et inadmissible, prend de l’avance sur ce que ce gouvernement, ou un autre, se réserve d’administrer à tout le monde.

Les justifications conjointes du gouvernement et du patron du Medef, Roux de Bézieux, ont été : « Il ne faudrait pas que des travailleurs puissent gagner plus au chômage qu’en travaillant. » Gagner à peine plus que le RSA pour certains, et rien du tout pour des centaines de milliers de travailleurs, voilà l’avenir qu’ils promettent aux futurs licenciés et à des millions de travailleurs précaires ! En mettant les chômeurs dans une position intenable, il s’agit de faire pression à la baisse sur tous les salaires, et de faire accepter des conditions de travail indignes. C’est bien pourquoi cette attaque contre les chômeurs présents et à venir concerne l’ensemble de la classe ouvrière.

Pour le moment, les confédérations syndicales se sont contentées de porter la contestation sur le terrain juridique, ce qui n’a permis qu’un report très provisoire de la réforme. Ce n’est qu’un rapport de force imposé par les travailleurs, pour stopper les attaques patronales et gouvernementales, qui pourra garantir le droit de tous à une vie digne.

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