Lycée Paul Éluard – Saint-Denis : rentrée chaotique, enseignants en grève15/09/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/09/2772.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Lycée Paul Éluard – Saint-Denis : rentrée chaotique, enseignants en grève

Vendredi 10 septembre, une semaine après la rentrée des élèves, plus d’une vingtaine d’enseignants du lycée Paul-Éluard de Saint-Denis ont refusé de prendre les élèves et ont décidé d’appeler à la grève le jeudi suivant.

En effet rien ne va plus. En fin d’année dernière, le proviseur, malade, qui n’avait rien préparé pour l’année suivante, avait été remplacé par une proviseure chargée par le rectorat d’organiser les classes de ce grand lycée de 1 900 élèves et d’établir les emplois du temps. Aux ordres du recteur, elle a taillé dans le vif en supprimant des moyens horaires : du coup, les classes de seconde ont vu leurs effectifs grimper, des dédoublements dans des matières ont été supprimés. Ainsi des élèves de première technologique doivent se mettre à deux sur un ordinateur pour établir un projet personnel, des élèves en sciences et vie de la terre se retrouvent à trois sur des paillasses pour faire des expériences. Quant au proviseur, revenu de son congé maladie, il refuse pour l’instant de donner des emplois du temps papier aux élèves par souci d’écologie, mais la plupart ne disposent pas des codes indispensables pour se connecter sur leur emploi du temps sur Internet. Depuis le début de l’année, les surveillants renseignent comme ils peuvent des élèves paniqués qui errent dans les couloirs.

À cela s’ajoutent bien sûr les postes non pourvus : il manque des enseignants en maths, en anglais. Dans ce lycée populaire, deux postes d’assistants sociaux ne sont pas pourvus, alors que nombre d’élèves sont déjà en demande d’aide, pour des fournitures scolaires au mieux ou, pire, pour des demandes de secours. Il manque aussi des accompagnants d’élèves en situation de handicap : sur les 156 heures recensées par la Maison du handicap, seules 24 sont pourvues et ce dans un lycée qui n’est pas aux normes, qui ne dispose même pas d’un ascenseur pour les élèves à mobilité réduite.

Parler de la situation sanitaire et des précautions à prendre dans ces conditions aurait de quoi faire rire. Les agents d’entretien qui devraient être plus nombreux sont en sous-effectif : cinq d’entre eux sont en congés bonifiés et ne sont pas remplacés. Le personnel de l’intendance est également réduit et l’intendant distribue des tickets de cantine à des files d’élèves tassés les uns contre les autres parce que le logiciel permettant de recharger les cartes de cantine est en panne.

Cerise sur un gâteau déjà copieux, les enseignants ont appris que 60 élèves de BTS n’avaient pas de carte scolaire pour entrer dans le lycée et s’identifier, qu’ils ne seraient donc plus filtrés dans un établissement qui a connu nombre d’intrusions violentes ces dernières années. Les bandes peuvent maintenant s’infiltrer en toute impunité. Enseignants, conseillers d’éducation et surveillants ont raison d’être inquiets.

Alors, pour beaucoup, la coupe est pleine. Les enseignants grévistes ont appelé les parents à les rejoindre jeudi 16 septembre dans leur action.

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