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Lafarge en Syrie : le profit avant tout !

Hasard du calendrier, la veille de l’ouverture du procès contre les attentats du 13 novembre 2015, la Cour de cassation a confirmé la mise en examen du trust cimentier Lafarge pour financement du terrorisme en Syrie. Elle a en même temps rétabli contre ce groupe l’accusation de complicité de crimes contre l’humanité, levée en 2019 par la cour d’appel de Paris.

Lafarge est accusé d’avoir cherché à maintenir la production coûte que coûte dans son immense cimenterie de Jalabiya, alors que celle-ci est située dans une région, au nord-est de la Syrie, passée entre les mains de groupes djihadistes à partir de 2012. Il est ainsi soupçonné d’avoir versé près de 13 millions d’euros à des groupes terroristes, d’abord Al-Qaïda puis Daech, pour pouvoir faire circuler ses camions de ciment. Il aurait aussi négocié avec les dirigeants djihadistes pour acheter des matières premières nécessaires au fonctionnement de son usine et vendu du ciment à l’État islamique. Celui-ci s’en est servi pour fortifier les villes qu’il occupait et pour construire de nouvelles prisons où il exécutait en masse ses opposants.

Le calcul de ce trust portait plus loin que le maintien de la production à court terme. Il voulait être présent quoi qu’il en coûte pour faire des affaires, une fois la guerre finie.

Cette politique criminelle a eu le soutien de l’État français, comme l’a prouvé le quotidien Libération en publiant en 2018 un document des services secrets. Un directeur adjoint de Lafarge a d’ailleurs expliqué aux enquêteurs : « Le gouvernement français nous incitait fort à rester. C’est quand même le plus gros investissement français en Syrie. C’est le drapeau français ! »

Les affaires avec l’État islamique ne se sont pas arrêtées quand ce dernier a occupé l’usine en septembre 2014. En effet, dans l’espoir de faire redémarrer son usine, Lafarge a continué à tenir des réunions secrètes avec des intermédiaires liés à Daech au moins jusqu’en juillet 2015, soit quelques mois après les premiers attentats de l’État islamique en France.

Avec l’occupation de la cimenterie par Daech, les dirigeants de Lafarge et le gouvernement français craignaient en fait surtout que l’État américain ne la bombarde. Ils ont alors multiplié les demandes pour l’empêcher.

Comme toujours, derrière les déclarations publiques sur « la guerre sans merci contre le terrorisme », l’État français est prêt à tout quand il s’agit de défendre les affaires des capitalistes de son pays.

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