Dans les entreprises

Aubert & Duval – Pamiers : incendie prévisible

On ne connaît pas à ce jour les causes précises de l’incendie qui s’est déclaré vendredi 10 septembre dans l’atelier ACS, chez Aubert & Duval à Pamiers, dans l’Ariège.

À l’occasion d’un transfert de cuve, la réaction chimique s’est emballée dans les bacs de cet atelier. Un important dégagement de fumées s’est produit et s’est embrasé, provoquant l’incendie de tout le bâtiment. L’usine étant implantée au cœur de la ville de Pamiers, devant l’importance des fumées la sirène a retenti. Après l’évacuation des travailleurs, le confinement d’une partie de la ville a été décrété.

Une chose est sûre, s’il n’y a eu aucune victime, c’est par chance et non en raison des préoccupations du patron en matière de sécurité et d’effectif. Dans cette usine Aubert & Duval qui emploie 1 000 salariés, la plus grosse usine d’Ariège, on fabrique notamment des pièces en titane pour l’aéronautique, des turbines et autres pièces pour les moteurs.

Dès le début de la crise sanitaire, la baisse de production dans l’aéronautique a entraîné automatiquement le départ de plus de 300 intérimaires, sous-traitants et prestataires, et le chômage partiel pour les autres. Mais pour les ouvriers restants, la charge de travail est restée très importante. Ils ont dû boucher les trous, et malgré quelques mutations, cela ne faisait pas le compte : il manquait du monde partout et surtout du personnel qualifié.

Tous les éléments étaient réunis pour qu’il y ait un problème grave. Ainsi, dans l’atelier ACS, des intérimaires licenciés qui connaissaient parfaitement le travail, n’étaient plus dans l’usine. Pourtant, ce n’est pas la première fois que le problème se pose. Les réactions chimiques s’étaient déjà emballées dans le passé, mais à l’époque, il n’y avait eu qu’un dégagement de fumées sans qu’elles prennent feu.

Eramet, groupe auquel appartient Aubert & Duval, fait des profits énormes en exploitant notamment des mines de nickel en Nouvelle-Calédonie après avoir fait des profits pendant des décennies avec les usines Aubert & Duval. Mais aujourd’hui, les dirigeants d’Eramet veulent vendre les usines et ne mettent pas l’argent nécessaire pour une production dans de bonnes conditions et avec des effectifs suffisants. Ils prévoyaient même encore des départs quitte à faire appel à des intérimaires si nécessaire.

La direction rêvait d’externaliser les secteurs qui ont été détruits dans l’incendie. La soixantaine de travailleurs concernés étaient déjà inquiets devant cette politique patronale qui, au nom de toujours plus de profits, écrase les prix, en faisant faire le travail en sous-traitance par des ouvriers encore plus mal payés et dans des conditions pires encore. L’incendie a réglé la question mais l’inquiétude demeure.

Le travail a repris progressivement lundi 13 septembre dans les zones qui n’ont pas été touchées par l’incendie. La vente de l’usine devant être signée prochainement, il reste que l’inquiétude des travailleurs devra se transformer en colère, s’ils ne veulent pas subir les conséquences des choix du patron en matière de production ou de réductions d’effectifs et de sécurité.

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