Pénuries de puces : anarchie et concurrence08/09/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/09/2771.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Pénuries de puces : anarchie et concurrence

Dans la construction automobile, les pénuries de semi-conducteurs se poursuivent et provoquent des arrêts de production dans le monde. Le groupe Toyota annonce une réduction de 40 % de sa production pour le mois de septembre. Ford et GM ont arrêté des usines aux États-Unis.

Entre 5 et 7 millions de véhicules ne seront sans doute pas produits cette année. En France, les 4 000 travailleurs de l’usine Toyota d’Onnaing ont été mis en chômage partiel pour une troisième semaine. Chez Stellantis (PSA-Fiat-Chrysler) à Sochaux, 650 intérimaires ont été renvoyés sous prétexte d’arrêts de lignes. Chez Renault, les jours d’arrêt se succèdent. Chez les constructeurs de poids-lourds, les jours de chômage alternent avec les heures supplémentaires, au gré des livraisons de puces. Renault-Trucks annonce qu’il ne prendra plus de nouvelles commandes avant la mi-2022, car il serait incapable de les satisfaire.

Les porte-parole patronaux expliquent cette pénurie par le monopole acquis par un nombre restreint de fabricants, comme le géant taïwanais TSMC. Au fil des ans, pour éviter des investissements coûteux, les concepteurs de puces comme Intel, Qualcomm ou AMD ont en effet abandonné la production à des fondeurs comme TSMC. Ces derniers fournissent tous les secteurs qui utilisent des semi-conducteurs, à commencer par l’informatique et la téléphonie. Ils le font sans planification ni anticipation, au fil des commandes, dans un marché où chaque capitaliste voit midi à sa porte. Ainsi, ils mettent leurs clients en concurrence en livrant les plus offrants.

La pénurie est aggravée par la pratique du flux tendu, généralisée par les industriels pour réduire leurs coûts. Au fil des ans, ils ont mis leurs stocks sur les camions et les bateaux, au prix d’une vaste pollution.

Cette folie furieuse conduit certains, économistes, militants syndicaux ou politiques, à défendre la relocalisation de toute la chaîne de production. Cela peut paraître de bon sens, mais c’est ignorer que la concurrence permanente et la recherche du profit avant la satisfaction des besoins de la société sont à la base du capitalisme. Face aux pénuries actuelles, les constructeurs automobiles choisissent de limiter la production aux modèles qui rapportent le plus. Les baisses de production n’ont pas diminué leurs profits, au contraire : Stellantis a annoncé 5,8 milliards d’euros de bénéfice pour le premier semestre 2021, malgré 700 000 véhicules produits en moins. S’ils y gagnent, les capitalistes peuvent même devenir décroissants !

Et c’est aux travailleurs qu’ils font payer intégralement les aléas d’approvisionnement, par des pertes de salaire pour ceux en chômage partiel, ou par la perte de leur emploi pour les intérimaires renvoyés. Les travailleurs doivent refuser de payer la note.

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