Dans les entreprises

Emplois non pourvus : un vrai travail, un vrai salaire !

L’université d’été du Medef a été le théâtre d’un vrai jeu de rôles. Aux patrons déplorant un manque de main-d’œuvre, voire un défaut d’appétence au travail, le ministre Le Maire a suggéré timidement de faire un geste pour augmenter les salaires.

Il fut immédiatement repris par Attal, le porte-parole du gouvernement, pour lequel il ne pouvait être question de demander un nouvel effort aux employeurs. Et pourtant, il n’y a pas besoin d’être Sherlock Holmes pour voir quels secteurs et quels types d’emplois restent plus longtemps vacants.

Selon une enquête de Pôle emploi, 300 000 emplois environ ne sont pas pourvus, pour trois millions de demandeurs sans aucun travail. Il s’agit par exemple de 34 000 postes dans l’agriculture dans le Grand Est, dont seulement 3 000 en CDI ; les viticulteurs de la Marne, gros employeurs de la région, auraient ainsi 17 000 projets d’embauche, comme ils disent, en grande majorité des cueilleurs saisonniers pour les vendanges en Champagne, dont 800 en CDI payés au smic. L’hôtellerie-restauration est un autre secteur « en tension », qui offre surtout des emplois précaires et des conditions de travail très dures, incitant les salariés à changer souvent d’employeur pour tenter de trouver mieux. Vu le manque d’attrait d’un tel poste, mal payé, pénible et précaire, l’employeur a évidemment plus de difficulté à trouver un remplaçant, et le temps de rotation n’a ici rien à voir avec un manque de main-d’œuvre : ce qui est en cause est la courte durée de l’emploi et le faible niveau de rémunération.

Quant au secteur des Ehpad et de l’aide à la personne, lui aussi « en tension », les maigres augmentations annoncées lors du Ségur de la santé ne sont pas appliquées, ni même applicables à toutes et tous, alors que les compétences nécessaires sont multiples et les responsabilités pesantes. Mais, là aussi, les profits des établissements passent avant les soins aux personnes âgées.

« Les cotisations patronales sont trop élevées », pleurniche un patron d’établissement thermal sur Europe 1, se disant dépourvu de marge de manœuvre en matière de salaires. Mais c’est faire mine d’oublier que la réduction instaurée sur les cotisations patronales pour les salaires jusqu’à 1,6 smic a incité les patrons, non à embaucher davantage, mais à tasser les salaires au niveau du smic.

La solution aux emplois momentanément vacants est donc aisée à trouver : il faut de vrais emplois fixes pourvus de vrais salaires !

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