SMRC – Gondecourt : la grève fait plier la direction01/09/20212021Journal/medias/journalarticle/images/2021/09/_P10-1_SMRC_Reydel_20210826_C_LO.jpg.420x236_q85_box-0%2C205%2C337%2C395_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SMRC – Gondecourt : la grève fait plier la direction

À Gondecourt, dans le Nord, l’usine de sous-traitance automobile SMRC (ex-Reydel) compte environ 400 salariés. Depuis des mois, la direction négociait avec les syndicats un nouvel accord. Des bruits circulaient sur le vol de jours de congés ou de RTT et le paiement à la baisse des heures supplémentaires. La direction voulait faire travailler plus pour gagner moins, alors que les salaires sont déjà très bas.

Illustration - la grève fait plier la direction

Beaucoup de travailleurs n’avaient toujours pas digéré le prétendu « accord de préservation et de développement de l’emploi », imposé en 2017 : 3 RTT supprimées, des pauses déjà rikiki rabotées de 8 minutes, pour finir réduites à trois fois 9 minutes, le quota de 28 heures supplémentaires obligatoires par an payé au tarif normal, sauf pour l’équipe de nuit, un délai de carence de trois jours au premier arrêt-maladie. « On ne veut plus rien donner », disaient les travailleurs.

Dès la rentrée, fin août, la direction a voulu accélérer la signature. La CGT a alors expliqué par tract que la direction voulait imposer un quota de 40 heures supplémentaires obligatoires non majorées par an. Bien que le tract n’ait pas appelé à la grève, les travailleurs de l’équipe de nuit se sont mis spontanément en grève le mercredi 25 août, et le mouvement s’est propagé naturellement aux autres équipes. Même des team-leaders se sont mis en grève. Les intérimaires se sont montrés très solidaires. Tous les grévistes se sentaient fiers de leur réaction et disaient : « Il était temps qu’on réagisse ! » Tous refusaient de perdre quoi que ce soit : « C’est au tour de la direction et des actionnaires de donner ! Nous, on a déjà donné ! » Ils ont d’ailleurs ajouté à leurs revendications celle du paiement des heures de grève.

De nombreuses discussions ont eu lieu dans l’usine. Les membres de la direction tentaient d’expliquer les nouveaux sacrifices demandés qui « auraient été mal compris » ! Ils soufflaient le chaud et le froid, les justifiant ou lançant avec mépris : « de toute façon, vous pouvez faire ce que vous voulez, ça se fera ! » Ils se sont fait copieusement rembarrer par les grévistes.

Pendant le week-end, la direction a tenté de faire pression sur les grévistes individuellement, en envoyant de nombreux messages, parlant de la confiance des clients, Renault, Stellantis, Volvo, qui serait largement entamée, ce qui mettrait en danger l’usine… Une preuve, s’il en fallait, qu’elle redoutait que la grève continue le lundi matin.

Finalement, c’est quand elle a abandonné le quota de 40 heures et l’a remis à 28 heures, et qu’elle a lâché une prime de 250 euros brut, que deux équipes ont repris le travail, lundi 30 août, satisfaites d’avoir fait reculer la direction ensemble. L’équipe de nuit, elle, a voulu marquer le coup et a continué la grève quelques heures lundi soir. Les travailleurs échappent au quota de 40 heures grâce à la grève. S’ils n’ont pas obtenu le retour au paiement à 75 % des heures supplémentaires, ils ont tout de même fait reculer la direction, en obtenant qu’elles soient payées à 50 % au lieu de 25 %.

Les travailleurs savent que les négociations continuent, sans bien connaître tous les points en discussion. Même s’ils ont gagné par leur lutte sur un point qui leur tenait à cœur, ils restent méfiants pour la suite.

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