Dans le monde

Turquie : Erdogan a trouvé des coupables

Comme en Grèce, les incendies se sont étendus dans les régions méditerranéennes de la Turquie, favorisés par une canicule et une sécheresse exceptionnelles.

Fin juillet et début août, près de 200 brasiers ont dévasté 95 000 hectares de forêts et de terres agricoles, faisant huit morts et de nombreux blessés. Des animaux, qui n’ont pu être évacués à temps, ont été brûlés vifs. C’est un désastre pour la population de ces régions, en particulier pour les paysans qui perdent leurs moyens de subsistance. L’État est apparu particulièrement démuni car, si la Turquie a une armée puissante et ne manque certes pas d’avions de combat pour intervenir dans la région, elle ne dispose pas d’avions bombardiers d’eau tels que les Canadair. Le service qui en possédait encore a en effet été démantelé sous le gouvernement Erdogan.

Critiqué pour cette situation, le président turc n’a pas tardé à trouver des coupables. Les messages s’étant multipliés sur les réseaux sociaux pour demander que d’autres pays apportent leur aide, il a dénoncé « une campagne de terreur par le mensonge propagée depuis l’Amérique, l’Europe et certains autres endroits », qui ne viserait selon lui qu’à discréditer le pays et son président. Les autorités ont aussi intimé aux télévisions, qui s’y sont pliées, l’ordre de ne pas provoquer la peur et l’inquiétude par une trop grande couverture médiatique des incendies. Un certain nombre de journalistes en ont rajouté en accusant les autonomistes kurdes du PKK, qualifiés de « terroristes », d’avoir allumé des feux, là aussi pour nuire au pays et à son chef !

Pour Erdogan, tous les opposants ou auteurs de critiques contre son gouvernement sont des terroristes, manipulés par quelque puissance étrangère pour saper son crédit. Qu’on se le dise : faute de pouvoir imposer son autorité aux vents et aux vagues de chaleur qui favorisent les incendies, Erdogan saura bien imposer le silence à ceux qui en parlent, comme il l’a fait pour bien d’autres.

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