Dans le monde

Brésil : la contestation dure

Pour le quatrième samedi consécutif, des dizaines de milliers de Brésiliens sont descendus dans la rue le 24 juillet pour manifester contre le président Bolsonaro.

Lui reprochant sa gestion désastreuse de la pandémie, ils demandent sa destitution, la fourniture de vaccins, le rétablissement de l’aide d’urgence de 600 réais (100 euros) et la création massive d’emplois.

Bolsonaro est accusé de génocide par ses opposants. Il n’est bien sûr pas directement responsable de la mort des plus de 550 000 Brésiliens que le Covid a tués. Mais il y a aidé, par sa négation de la pandémie, une « grippette » selon lui, par son refus de toute mesure de distanciation et ses continuels bains de foule provocateurs, ses retards dans l’achat de vaccins et les détournements de fonds qui l’ont accompagné.

L’épidémie a accéléré la crise économique. Bien des travailleurs disent qu’ils préfèrent mourir du Covid que mourir de faim. L’aide d’urgence de 600 réais, instituée en 2020, permettait au moins de manger. Mais c’est autant d’argent en moins pour le patronat, et Bolsonaro est trop responsable devant la bourgeoisie pour faire une telle dépense, même si cela fait chuter sa popularité et peut lui coûter sa réélection l’an prochain.

Face à Lula, à qui les sondages donnent 51 % des intentions de vote, Bolsonaro est tombé à 24 %. Il reste le favori de l’extrême droite évangéliste et des complotistes de tout poil. Mais il a perdu l’appui de ceux qui, il y a cinq ans, dénonçaient la corruption de Lula et du Parti des travailleurs. C’est lui que dénoncent maintenant des réseaux sociaux comme « Descendez dans la rue ». Les partis de gauche et les syndicats ne sont plus seuls à manifester contre lui.

À quinze mois des élections, Bolsonaro ne risque guère d’être destitué. Les députés opportunistes et vénaux qui forment sa majorité lui sont liés par les subventions et les avantages de toute sorte qu’il leur accorde. Pour le moment, l’opposition ne rassemble pas des foules telles que la bourgeoisie soit obligée de le chasser, comme le président Collor en 1992. Quant à la classe ouvrière, des années de gouvernements de gauche l’ont démoralisée. C’est pourtant elle qui subit le plus durement la crise économique et qui seule, par sa place dans la production, a la force d’y mettre fin.

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