Clinique Turin – Paris 8e : les travailleurs se font respecter21/07/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/07/2764.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Clinique Turin – Paris 8e : les travailleurs se font respecter

Depuis le début de la grève mardi 13 juillet à la clinique Turin, dans le 8e arrondissement de Paris, les blocs opératoires sont totalement arrêtés, les consultations continuent, assurées par les médecins qui sont tous indépendants. Les dialyses, malgré des tentatives de réquisition par le préfet, ont été assurées essentiellement par des cadres et vacataires extérieurs.

Au quatrième jour de la grève, le vendredi, les grévistes apprenaient que le groupe Almaviva Santé, propriétaire de la clinique, avait été vendu à KIA, un fonds d’investissement souverain du Koweït évalué à 650 milliards d’euros, avec comme objectif affiché de dégager du bénéfice. Cela a ému le personnel car beaucoup de riches Koweïtiens sont venus se faire soigner à la clinique, et le personnel a eu de nombreuses occasions de subir leur mépris social, en particulier vis-à-vis des femmes.

Pour le week-end, la direction a déprogrammé les opérations. Vendredi 16, devant la colère des grévistes, le directeur, blanc comme un linge, a été obligé de venir directement proposer une trêve aux grévistes. Il n’y a pas de travail et tout le monde sera payé ce week-end.

À l’issue de la négociation, la direction a accepté lundi 19 de repousser à décembre le retrait des jours de grève, le mois où est versée la prime de fin d’année. Concernant le fond de la grève, les conditions de travail, la direction promet quelques embauches et d’étudier de nouvelles organisations du travail.

Les salariés ne sont pas dupes. Mais ils sont face à un nouveau propriétaire riche, alors qu’eux ont de petits salaires. C’est la victoire du porte-monnaie. La clinique va fermer pour travaux au mois d’août, et ils ont donc décidé d’attendre septembre.

Cette grève leur a fait retrouver une dignité, en particulier face à ces médecins et anesthésistes qu’ils ont obligés à leur parler d’égal à égal. Ils ont senti leur puissance en face d’un directeur dans ses petits souliers. Elle a mis fin à leur isolement entre métiers et services et permis de découvrir la solidarité. Ces acquis-là demeurent malgré la reprise du travail et préparent la rentrée.

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