Vaccination : la moitié de l’humanité laissée pour compte14/07/20212021Journal/medias/journalnumero/images/2021/07/2763.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Vaccination : la moitié de l’humanité laissée pour compte

Réactivée par le variant indien, l’épidémie de Covid menace l’Afrique et beaucoup de pays pauvres. En Afrique du Sud, au Congo ou encore en Ouganda, les hôpitaux sont saturés, démunis, l’oxygène manque, et ce n’est guère mieux au Bangladesh ou aux Philippines.

Aujourd’hui, à peine un Africain sur cent est vacciné, contre un habitant sur deux, en moyenne, aux USA ou en Europe occidentale.

Les dirigeants des pays les plus riches se sont opposés à la levée des brevets sur les vaccins contre le Covid, que réclamaient notamment l’Inde et l’Afrique du Sud avec l’objectif de multiplier le nombre de centres de production. La main sur le cœur, Macron et ses congénères occidentaux leur ont opposé la promesse de mettre en place Covax . Ce programme devait fournir en 2021 aux 92 pays les plus pauvres plus d’un milliard de doses de vaccin gratuites, et mettre à disposition d’une centaine d’autres pays 700 millions de doses à coût réduit.

Dans les faits, au 1er juillet, Covax n’a réussi à fournir qu’à peine 100 millions de doses, cinq fois moins que prévu. Cela a contraint des pays pauvres à négocier des doses directement auprès des fournisseurs, qui ne se sont pas gênés pour imposer leurs prix. C’est ainsi que la dose du vaccin AstraZeneca, censée être vendue à prix coûtant par le trust pharmaceutique, fournie à l’Europe pour 2,5 dollars, a été vendue 5 dollars à l’Afrique du Sud et 7 dollars à l’Ouganda, un des pays les plus pauvres du monde !

La situation s’est encore aggravée ensuite, car c’est un producteur unique, le groupe indien Serum Institute, qui fournissait l’essentiel de ces doses, ainsi que celles alimentant Covax, et en mars l’explosion de l’épidémie a amené le gouvernement indien à bloquer les exportations de vaccins. Dans certains pays comme le Bangladesh, les soignants se sont retrouvés du jour au lendemain dans l’incapacité d’administrer la seconde dose aux millions de personnes qui avaient reçu la première. Dans d’autres, la campagne de vaccination a été arrêtée à peine après avoir commencé.

Aujourd’hui, face à la catastrophe annoncée, des centaines de millions de doses seraient nécessaires dans un très court délai. Pour l’avenir, l’Organisation mondiale de la santé demande également une levée temporaire des brevets et des transferts de technologies, pour permettre de produire les vaccins sur place, comme ce serait possible en Afrique du Sud, au Maroc, en Égypte ou au Bangladesh. Ce serait bien le minimum pour produire massivement et acheminer sur toute la planète les milliards de doses de vaccin dont l’humanité a un besoin vital, sous peine de voir sans cesse apparaître de nouveaux variants meurtriers.

Pour cela, il faudra mettre fin à la mainmise sur la santé publique des grands laboratoires pharmaceutiques qui profitent cyniquement de la pénurie pour augmenter leurs profits.

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