Limoges : « Ils vivent ici, ils travaillent ici, ils restent ici ! »14/07/20212021Journal/medias/journalarticle/images/2021/07/P5-1_Limoges-contre_lexpulsion_dun_squat_C_LO.JPG.420x236_q85_box-0%2C75%2C800%2C525_crop_detail.jpg

Leur société

Limoges : « Ils vivent ici, ils travaillent ici, ils restent ici ! »

Mercredi 7 juillet au petit matin, à Limoges, une escouade de gendarmes mobiles aidés de la police municipale, après avoir bloqué tous les accès aux rues avoisinantes, ont brutalement délogé 110 migrants qui, avec l’aide du collectif Chabatz d’entrar , avaient trouvé refuge dans d’anciens locaux EDF désaffectés.

Illustration - « Ils vivent ici, ils travaillent ici, ils restent ici ! »

Ces migrants vivaient là depuis deux ans, après une énième expulsion au mois de juillet 2019. Ils y avaient aménagé de petits logements, avaient construit ou s’étaient procuré quelques meubles. Hommes et femmes, célibataires ou en famille, venus d’Afrique subsaharienne, de pays du Maghreb ou d’Europe de l’Est, tous demandeurs d’asile, ils vivaient là de manière solidaire et collective. Malgré l’interdiction qui leur est faite, ils travaillent tous, car ils n’ont pas le choix, pour survivre : ils sont souvent livreurs de repas à vélo pour Uber Eats ou Deliveroo, ramasseurs de fruits dans la campagne limousine, etc. Beaucoup, soucieux de prouver leur désir d’intégration pour être régularisés, travaillent aussi bénévolement dans des associations.

Entretemps, les locaux EDF sont devenus la propriété du trust Vinci et un arrêté d’expulsion a été prononcé au tribunal. La police et les fonctionnaires de la préfecture ont donné aux migrants l’ordre de regrouper « leurs affaires les plus urgentes » et de déguerpir dans les dix minutes ! La préfecture avait tout organisé pour avoir le moins de témoins possible, mais les bénévoles qui les soutiennent depuis le début ont été rapidement prévenus et ont pu limiter les dégâts en les regroupant et en les aidant à récupérer et transporter leurs affaires.

Vingt et un habitants de ce lieu de vie appelé « squat de la rue de la Révolution » et leurs enfants, régularisés pour six mois après de longues négociations, ont eu le droit d’aller s’entasser dans des chambres d’hôtel. Les autres ont été amenés pour une nuit dans le gymnase d’un collège, que la préfecture a fermé dès le lendemain à 17 heures. Sans le dévouement des bénévoles du collectif Chabatz d’entrar ou du Secours populaire, qui ont réussi à leur procurer des hébergements – très provisoires –, ils se seraient tous retrouvés à la rue avec le chantage : accepter de retourner d’où ils viennent pour avoir droit à un hébergement… avant de se faire expulser .

Dès le mercredi soir 7 juillet, un rassemblement de protestation contre les méthodes de la préfecture et de soutien aux migrants a regroupé près de 200 personnes, prévenues de bouche à oreille ou par les réseaux sociaux. Comme l’ont scandé les manifestants : ils vivent ici, ils travaillent ici, ils restent ici !

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