Dans les entreprises

Transports : ouverture à la concurrence et offensive antiouvrière

Les travailleurs du transport sont, comme tous les travailleurs, confrontés depuis des années à des attaques en règle concernant l’emploi, les salaires et les conditions de travail.

Près de la moitié des emplois ont disparu à la SNCF depuis les années 1980. Les salaires sont bloqués depuis des années et les droits à la retraite ont reculé, à la SNCF comme à la RATP. Les gouvernements et leurs patrons ont mené à l’échelle locale comme nationale une guerre permanente aux travailleurs du transport, qui heureusement ne sont pas restés sans réagir.

Dans cette guerre, la bourgeoisie veut utiliser une nouvelle arme : celle de l’ouverture à la concurrence. Ainsi, la RATP avait jusqu’à aujourd’hui un monopole sur une partie du réseau bus de l’Île-de-France. À partir de 2025, Île-de-France Mobilités, qui dépend de la région, désignera l’entreprise qui exploitera telle ou telle ligne, au travers d’appels d’offres. La SNCF avait de son côté le monopole du transport des voyageurs sur le réseau ferré national. Ce monopole a pris fin depuis décembre 2020. Des appels d’offres peuvent être organisés pour les TER (trains express régionaux) depuis cette date et seront obligatoires à partir de 2023, comme pour le Transilien ou les trains interrégionaux. En cas de changement d’exploitant, les travailleurs, tant de la RATP que de la SNCF, affectés aux lignes en question, seront transférés au nouveau titulaire. Évidemment l’objectif du patronat et du gouvernement est d’en profiter pour faire reculer de manière considérable les conditions de travail et de rémunération.

La RATP n’attend pas 2025 et veut imposer dès 2022 un cadre social territorialisé (CST), sorte de convention collective des conducteurs de bus commune à toutes ses filiales, avec un allongement de la journée de travail, une diminution du nombre de repos et une flexibilité accrue des horaires. Le chantage de la direction est : « Si vous voulez que nous conservions les marchés, vous devez accepter de nouvelles dégradations. » Il en va de même chez les cheminots qui ne seraient plus soumis à la réglementation actuelle du travail mais à une convention collective du ferroviaire, avec des dispositions extrêmement régressives.

La RATP et la SNCF ne sont pas les victimes, mais les artisans de cette mise en concurrence, et créent pour postuler aux appels d’offres des filiales afin de déroger à leur propre réglementation du travail. Au travers de cette mise en concurrence, il s’agit bien de faire reculer les conditions de travail et d’existence des travailleurs du transport. Dès aujourd’hui, ceux-ci doivent s’opposer à tout recul et toute dégradation, en mettant en avant leurs revendications de classe. Ils doivent s’opposer à la division et à la concurrence que les patrons tentent d’instaurer entre travailleurs du transport, en mettant de côté tout corporatisme. Le but n’est pas d’obtenir que telle ou telle entreprise considérée comme plus favorable emporte l’appel d’offres, mais que tous les travailleurs du transport conservent leur emploi, aient la garantie d’un salaire et de conditions de travail dignes de ce nom, quel que soit leur patron.

Les élections régionales sont l’occasion d’une nouvelle tromperie. Plusieurs candidats de gauche promettent, s’ils sont élus à la tête de la région, de privilégier la SNCF et la RATP dans les appels d’offres ou de s’opposer à cette mise en concurrence. Mais se fier à ces promesses serait oublier qu’il y a eu sur ce plan une parfaite continuité entre la gauche et la droite depuis vingt-cinq ans.

C’est la droite qui a voté la division de la SNCF en 1997, mais c’est Gayssot, ministre communiste des Transports de Jospin, qui l’a mise en œuvre. En 2014, c’est à nouveau le PS, alors qu’il avait la majorité à l’Assemblée nationale, qui a imposé la réforme ferroviaire. Il a cette fois divisé la SNCF en trois établissements, transféré les 50 000 cheminots de l’Infrastructure à une nouvelle société, SNCF Réseau et finalisé la préparation à la mise en concurrence et à la privatisation du transport voyageurs. C’est encore le PS, en 2016, qui a imposé un décret-socle dans le secteur ferroviaire, permettant un recul considérable de la réglementation du travail.

Les travailleurs doivent ne compter que sur leurs luttes et se méfier de tous les faux amis qui se sont révélés de vrais ennemis.

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